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0443 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1
Scientific Mission to High Asia 1890-1895 : vol.1
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1 / Page 443 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000197
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LA CHINE SEPTENTRIONALE.   411

contenir en l'enlaçant dans une.multitude de cérémonies, d'obligations extérieures et précises, dont aucun sophisme ne peut dispenser, liens par conséquent plus indissolubles que les principes de la morale, nécessairement un peu vagues, soumis aux variations de la conscience individuelle. C'est parce que le cérémonial a conservé jusqu'à présent la rigueur superstitieuse des premiers âges que le Chinois a tant de peine à accepter les mille et une infractions qu'y font les Européens. Il est infiniment plus choqué de voir un étranger entrer chez lui le chapeau à la main que nous ne le serions (le voir un Chinois entrer dans notre salon le chapeau sur la tête : pour nous c'est un signe extérieur qui vaut surtout par le sentiment de respect dont il est le témoignage, pour les Chinois c'est une formalité qui vaut par elle-même. Ils nous considèrent comme des barbares, parce que nous ignorons les rites, fondement obligé (le toutes bonnes relations entre les hommes, partant de toute civilisation, au lieu que nous les tenons pour des barbares parce que nous estimons qu'ils ont atteint un moindre développement intellectuel et économique.

« Les Européens ont le nez long, dit un des convives qui avait des prétentions humoristiques et avait été commissaire pour la construction du télégraphe de Pékin à Kâchgar, et c'est pourquoi ils ont un flair que nous n'avons pas et découvrent des choses dont nous • ne nous serions jamais avisés. Un Chinois pourra voir indéfiniment l'eau de sa marmite bouillir et le couvercle se soulever sous l'effort de la vapeur sans s'imaginer jamais de construire des métiers å yapeur ; il pourra contempler jusqu'à la fin des siècles les oscillations régulières d'un corps pesant suspendu à un point fixe sans songer à fabriquer des horloges et des montres. » Il était assez curieux d'entendre exprimer aussi nettement par un Chinois cette opinion courante en Europe d'après laquelle la race chinoise serait douée å un moindre degré que la nôtre du don de l'invention et par conséquent de la faculté imaginative. Une certaine sécheresse de leur art et de leur poésie, leur prétendue incapacité métaphysique, leur science et leur industrie stationnaires depuis des siècles semblent confirmer cette manière de voir.