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0469 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1
Scientific Mission to High Asia 1890-1895 : vol.1
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1 / Page 469 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000197
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LA CIIINE SEPTENTRIONALE.   • 437

est endémique. Les terres y sont plus fertiles, mais la population y est plus dense, partant, quand il y a une inondation et que la récolte manque, la souffrance est plus grande. Le paysan, ne pouvant vivre (le son champ, essaye de vivre du grand chemin. Il remise ses instruments aratoires, décroche sa pique ou son arquebuse et s'en va guetter le marchand qui passe. L'industrie du brigandage est , un en-cas précieux qu'on se garde bien de supprimer, c'est une poignée de riz qu'on réserve pour la faim, une poire pour la soif. Quant au gouvernement, il se môle le moins qu'il peut (les affaires de ses administrés. Il n'entretient qu'une police médiocre, qui se recrute en bonne partie parmi les voleurs mêmes et leur offre ainsi une sorte de retraite honorable après plusieurs années d'exercice. Du reste ils ne changent point (le métier, seulement ils volent au nom du mandarin au lieu de voler en leur nom personnel. Ils partagent les bénéfices des voleurs, soutirent de l'argent aux volés pour leur faire restituer les objets dérobés, aux innocents afin de ne point les accuser d'un délit qu'ils n'ont point commis. Ils restent affiliés aux associations de filous, escrocs, escarpes, pickpockets, cambrioleurs, perceurs de murs, tire-laine, fouisseurs (le seuils, faux mendiants et faux estropiés, qui toutes ont leurs statuts particuliers, leurs trucs spéciaux, souvent pleins de génie, pour prélever sur le prochain l'impôt qui les fait vivre. Le prochain se garantit de son mieux contre leurs entreprises ; s'il a la liberté d'être volé, il a aussi celle d'appréhender le voleur et il est grandement aidé dans sa tache de protection sociale par l'esprit d'association, qui en Chine n'est pas répandu uniquement parmi les gredins, par la forte constitution de la famille, par le principe de la solidarité entre voisins, qui, pour étre moins rigoureux qu'autrefois, agit encore d'une I ianiéi'e appréciable. C'est, pour un voyageur européen du xIxe siécle, un sujet d'étonnement qu'avec le peu (le soin que prend le gouvernement et le peu de moyens qu'il possède pour assurer la tranquillité publique, la Chine soit néanmoins si tranquille. Dans les rues des plus grandes villes les rixes et les querelles, les désordres et les scandales sont relativement rares, et pourtant les Chinois sont assez ivrognes et débauchés,