moins accidenté, mais dominé encore par des collines escarpées. Les rares habitations, entourées d'arbres, disséminées dans la campagne,
en corrigeaient mal l'aspect sévère et triste. Le 8 décembre, j'arrivai
clans la plaine à Tching-ting fou, ville ceinte d'une muraille de trois kilomètres et demi (le côté avec un fossé large de cent pieds ; mais elle
est en grande partie déserte et a fort pauvre mine. J'eus le plaisir d'y rencontrer des Franc ais dans la personne des missionnaires lazaristes, qui sont admirablement installés dans un ancien palais impérial, construit, si ma mémoire est fidèle, par Kang-hi. J'y dînai sur une nappe et j'y dormis clans des draps blancs, luxe oublié depuis de longues années. La mission de Tching-ting, dirigée par un évêque, est un établissement vaste et florissant. En Chine, les missionnaires catholiques travaillent en grand, aristocratiquement, à la mode du moyen îige. Il y a lei toute une cité groupée autour du clocher, un hôpital, une école, un orphelinat, une clientèle chinoise d'environ mille individus, sans compter les chrétiens répandus dans la ville et la campagne. L'église est un édifice majestueux dont la sombre masse gothique domine au loin la plaine. Nous avons le malheur de connaître å Paris quelques monuments modernes qui ne valent point cette oeuvre d'un architecte missionnaire; mais je ne saurais comment vous exprimer l'étrange figure que fait au milieu (le la Chine cette église moyen-,lgeuse. Les battisses chinoises sont généralement bien médiocres, au moins sont-elles chez elles, à leur place, au lieu que la cathédrale de Tching-ting est d'un exotisme violent, qui jure avec tout ce qui l'environne.
Tching-ting fou, situé ii 294 kilomètres de la capitale, A la rencontre des grandes routes de Han-keott et de Si-ngan, est en toute époque un centre assez animé. Mais en ce temps (le guerre, le chemin, très large en cette contrée plate, entièrement couvert d'un flot de choses mouvantes, de convois, (le troupes qui défilaient, de recrues isolées, semblait marcher comme un fleuve qui coule à pleins bords. Ces soldats avaient un air d'insouciance parfaite, soit qu'ils fussent dispersés, allant à pied ou vautrés dans des charrettes, soit qu'ils fussent assemblés par troupeaux, comme des moutons, résignés et paisibles. Beau-
IIIFカラー高解像度
