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0016 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.2
Scientific Mission to High Asia 1890-1895 : vol.2
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.2 / Page 16 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000197
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6   MISSION SCIENTIFIQUE DANS LA 'HAUTE ASIE.

d'animaux, on voit de temps à autre une gazelle ou un lièvre, fauves comme les sables oii ils errent, un chameau ou un cheval sauvage, qui sont venus chercher dans ces solitudes un refuge contre la tyrannie de l'homme. Il n'y a de vie un peu intense que sur le bord des cours d'eau, où le sable aride devient terreau fertile (topa). Sur les rives verdoient des bandes de forêts, djangal, comme disent les indigènes. Mais ce nom risque d'égarer nos imaginations habituées aux descriptions des djangal de l'Inde, sombres, humides, impénétrables, toutes vibrantes et frémissantes de vie végétale et animale. Dans le bassin du Tarim les forêts sont claires et calmes et n'ont rien d'imposant ; il y a peu de diversité d'essences, presque rien que des tamaris (yolghoun), des roseaux (kamych et tchigh), des argousiers (ah tiken), de maigres djighda (Eleagnus angustifolia) et surtout des tog/zrak résineux (Populus suaveolens), au tronc bas, au feuillage peu développé et terne, et ils sont assez espacés pour qu'on puisse chevaucher commodément parmi eux sur le sable meuble du sol. La brise qui souffle là dedans est sèche et fait un bruit comme de papier qu'on froisse. De juin å août, il y a un assez vif bourdonnement de moustiques, puis la forêt rentre dans le silence, animée seulement par quelques reptiles, quelques tigres, des troupes de porcs sauvages, des grands cerfs et des lièvres, des corbeaux, des canards et des oies sauvages et d'autres oiseaux moins nombreux. Depuis un temps immémorial, les hommes ont défriché certaines parties de ces forêts primitives et y ont fondé des villes et des oasis (yourt, pays habité, par opposition à tcheul, désert inhabité). Il les ont fondées le plus près possible de la ceinture montagneuse afin d'avoir le plus d'eau possible. La terre est bonne, ni ingrate ni trop féconde, et n'exige pas un travail excessif. La question de l'eau est le grand souci, il faut établir un réseau compliqué de grands et de petits canaux, d'oustang et d'aryle, creuser des réservoirs pour les saisons où la rivière est insuffisante, construire des digues contre les crues vice-lentes de l'été. L'irrégularité des rivières est une source d'ennuis et de dangers. En certaines années, l'eau vient trop vite et en excès, et ruine des portions d'oasis, en d'autres, elle vient trop tard et compro-

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