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0084 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.2
Scientific Mission to High Asia 1890-1895 : vol.2
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.2 / Page 84 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000197
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72.   MISSION SCIENTIFIQUE DANS LA HAUTE ASIE.

l'attaque. Il semble que la compagnie de pareils gens était capable d'arracher les indigènes å leúr mollesse traditionnelle, de retremper les ressorts deleur volonté. Il n'en fut rien. Dans la hiérarchie sociale du nouvel état, l'armée forma une classe à part, venant immédiatement après le corps des fonctionnaires civils (tapouktchi). Les Turcs tenaient plus à la qualité des soldats qu'â leur nombre, ils ne se souciaient pas de les exposer à se corrompre par trop de familiarité avec le peuple, ni de verser dans les cadres des troupes tous les gardes nationaux de Kâchgar ou de Yàrkend. Aussi le tara putun, la masse noire des bourgeois et des paysans qui travaillaient et payaient, restaient-ils tranquillement chez eux sans avoir, à leur grande satisfaction, l'occasion de se façonner aux vertus militaires. Ils jugeaient les coups, acclamaient le vainqueur, louaient le vaillant et censuraient le lâche, et quand l'armée était vaincue, le territoire envahi, ils attendaient l'ennemi avec confiance, une bourse pleine à la main. Quelle que fút la solidité de la discipline turque, elle devait bientôt se fondre au contact de cette mollesse. L'armée se recruta de plus en plus difficilement. Les Turcs, qui s'établissaient dans les villes et les campagnes, s'adaptèrent vite au milieu ; les moeurs s'efféminaient et la race s'abâtardissait. Les pâturages insuffisants ne nourrissaient pas assez ces bergers, bons cavaliers, non attachés au sol et prêts å l'aventure. Or le moindre affaiblissement était funeste, car cette extraordinaire fabrique d'armées qu'avait été la Mongolie était encore en pleine activité et toute concurrence était vaine contre les troupes neuves qui en sortaient, parfaitement organisées et entraînées, souples et fermes comme une corde d'arc bien tendue. De plus, si la dynastie des Boghra khân avait réussi å fonder pour la première fois une domination indépendante, puissante et stable en Kachgarie, les conditions géographiques n'en continuaient pas moins ů être détestables. Cet empire ne constituait pas un ensemble compact, fortement groupé autour d'un centre. C'était la même poussière ci oasis reliées par un lien artificiel, aussi peu agrégées et unies naturellement que les grains d'un tas de sable. A quelque point que l'on fût, on était sur la frontière; si l'on était puissant, il était aussi facile de la