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0092 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.2
Scientific Mission to High Asia 1890-1895 : vol.2
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.2 / Page 92 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000197
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80   MISSION SCIENTIFIQUE DANS LA HAUTE ASIE.

mirent sous la protection des Mongols Oirot ou Djoungar, qui avaient élevé une domination nouvelle sur les débris de celle de Djagatay. Grâce a cette servitude, leur gouvernement piétiste et sectaire subsista. Il est demeuré cher au clergé, qui, ne voyant que ses propres intérêts, le vante comme un modèle. 11 fut peu glorieux pourtant, à la merci des barbares infidèles du nord, il aggrava par son intolérance étroite et inquisitoriale l'apathie et la pusillanimité du peuple, il veilla soigneusement .à ce qu'aucune idée ne se fît jour dans les intelligences déjà si peu curieuses de ses administrés et le pays croupit dans l'ignorance. L'histoire (lu Turkestan à cette époque offre une analogie singulière avec l'histoire moderne du Tibet. Le gouvernement clérical a produit de part et d'autre les mêmes effets. Alors réapparurent les Chinois (1758), oubliés depuis des siècles et devenus mécréants dans l'intervalle. Les musulmans du Turkestan se laissèrent prendre presque sans coup férir ; ils avaient si souvent changé de maîtres qu'ils étaient prêts à se donner à qui se présentait. Ils gagnèrent au nouveau régime moins de rigueur dans les prescriptions religieuses et la tranquillité molle qu'ils aimaient. Ils s'enfoncèrent de plus en plus dans l'indifférence, partagés entre leur mépris pour les Chinois infidèles et leur crainte de la tyrannie sectaire du clergé. Les khodja et leurs partisans s'efforcèrent de ranimer leur zèle pour l'Islam, mais ils ne réussirent qu'à les entraîner à des révoltes sans conviction, condamnées d'avance à tin échec qui était toujours accueilli sans colère, souvent avec plaisir. La tentative vigoureuse de Yakoub Bek, bourreau bienfaisant, qui voulut verser à son peuple d'occasion le vin des forts et les poussa à la lutte régénératrice, avorta comme celle d'Abou Bekr, à laquelle elle ressemble, sauf qu'elle est venue du dehors. Il démontra qu'un homme, maître du pouvoir, avide de gloire, énergique et doué de génie politique, peut beaucoup sur le développement moral et intellectuel d'une nation. Il

mollah sont les simples clercs. Le P. Goes les distingue très bien ; il appelle les premiers cacisces, mot qu'il traduit par sacerdoces, et les secods mullas, mot qu'il traduit par literati.