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0099 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.2
Scientific Mission to High Asia 1890-1895 : vol.2
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.2 / Page 99 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000197
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LE TURKESTAN CHINOIS ET SES HABITANTS.   87

' pratique de la réalité reprend le dessus et. l'on montre dans l'action autant de sang-froid et de saine raison qu'on avait montré de folle intempérance dans le discours. En somme, ce peuple du Turkestan oriental a ce que nous appelons le tempérament méridional. Toutefois il n'a pas les éclats bruyants, la gesticulation immodérée, la volubilité et l'exubérance qui nous paraissent inséparables de ce tempérament. Il est en général calme et tranquille, peu en dehors ; sa hâblerie est comme la plaisanterie des Anglais, elle est grave. L'islamisme en est la cause en partie, qui cherche à imposer â ses fidéles le décorum extérieur, la dignité des manières, la lenteur de la démarche. Mais cette apparence de gravité se rattache aussi au défaut dominant du caractère local, â l'apathie et â la nonchalance, qui conduit â éviter toute peine et tout mouvement non indispensable : faire de grands gestes et marcher vite, c'est fatigant et l'on s'en abstient. Quelque goût que l'on marque pour les plaisirs de toute nature, on s'y livre sans fougue, sans ardeúr passionnée ; si tout excès n'est point banni, du moins il n'y a point de grosse crapule, peu d'esclandres tapageurs, de violences meurtrières. Les amusements en honneur ne sont pas de ceux qui réclament beaucoup de vigueur et d'adresse. Le seul jeu qui constitue un exercice physique sérieux, la course de la chèvre (oughlak) est pratiqué surtout par les résidents étrangers, les indigènes se contentant pour la plupart du rôle de spectateurs. Nous avons coutume d'associer la mollesse de la vie et la répugnance pour les exercices corporels aux habitudes casanières. Cependant les habitants du Turkestan se déplacent avec la plus grande facilité et accomplissent de très longs voyages, môme sans motifs impérieux. C'est pour eux une manière de distraction. L'existence est peu•compliquée, n'exige pas une' assiduité rigoureuse â une tâche sans cesse renaissante ; elle permet des loisirs. *Inversement. l'absence de poste publique, de notaires, d'avoués, l'imperfection des banques rendent souvent nécessaire la' présence d'une personne dans une localité fort éloignée de son domicile pour régler la moindre affaire. Pour peu qu'on soit obligé de se rendre â l'oasis voisine, il faut passer une nuit dehors ;.il n'en coúte pas beaucoup plus d'en passer plusieurs.-