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0143 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.2
Scientific Mission to High Asia 1890-1895 : vol.2
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.2 / Page 143 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000197
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LE TURKESTAN CHINOIS ET SES HABITANTS.   127

et politesse, leurs manières sont assez élégantes et harmonieuses; mais elles manquent (le beauté, leurs traits sont lè plus souvent indécis et empâtés. Pourtant les poètes persans se sont plu de tout temps å célébrer la beauté des Khotanaises; peut-être n'était-ce dans leur bouche qu'un compliment pour les récompenser de leur facilité, ou bien l'éloignement mystérieux et les hâbleries des voyageurs, qui ne consentent guére à avoir vu moins que des merveilles, leur prêtaient des charmes qu'elles n'avaient point. Elles vieillissent vite, fanées avant trente ans, elles dépassent rarement la soixantaine, tandis que les hommes vont souvent au delà de soixante-et-dix ans.

La fragilité de l'institution du mariage suppose nécessairement la ruine du régime patriarcal et n'est qu'un des signes de la disparition dans le Turkestan oriental d'un régime encore si puissant en Chine et parmi les Turcs nomades. L'individualisme a triomphé au point qu'il est difficile d'imaginer qu'il puisse aller plus loin. La famille, au sens large et ancien du mot, a perdu presque toute sa valeur sociale et n'a conservé que le peu que le Coran lui laisse. Les collatéraux jusqu'au cinquième degré seulement, en ne comptant qu'un côté de l'arbre généalogique, peuvent, le cas échéant, avoir part å l'héritage de leur parent décédé ou être chargés de la tutelle de son enfant mineur. Au demeurant les collatéraux ne se doivent rien l'un à l'autre, la solidarité entre eux n'est guère moins faible qu'en n'importe quel pays de l'Europe occidentale ou de l'Amérique. Les frères déjà se séparent, suivent des voies'diverses, vivent souvent fort loin l'un de l'autre, n'ont que de vagues relations ensemble, quelquefois se connaissent à peine et différent autant par les traits physiques que par la condition et la fortune, car ils n'ont pas fréquemment à la fois le même père et la môme mère. J'en ai rencontré, dont les souvenirs étaient si bien brouillés sur ce point, qu'ils ne savaient plus au juste s'ils étaient fréres de père ou de mére. On voit combien loin nous sommes de l'esprit de clan. Toutefois il en subsiste encore quelque chose dans la classe des beks et mingbachis, qui sont de grands propriétaires, qui s'appuient avant tout sur leurs collatéraux et alliés disséminés dans le même