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0185 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.2
Scientific Mission to High Asia 1890-1895 : vol.2
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.2 / Page 185 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000197
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LE TURKESTAN CHINOIS ET SES HABITANTS.   169

fonds; or l'argent est rare, les pauvres, qui en ont toujours un besoin pressant, vendent leur travail et leurs produits au premier prix qu'on leur offre et n'arrivent qu'exceptionnellement å réunir le capital nécessaire. De plus, les profits au lieu d'être en proportion simple du capital engagé s'accroissent en progression géométrique avec lui. Il faut, pour bâtir une fortune, une longue patience et une économie.soutenue avec âpreté, ce qui, dans la pratique, est plus difficile que les coups d'audace où excellent les financiers et les industriels d'occident. Ici tout est en faveur du capital, l'esprit (l'entreprise et l'intelligence ne servent presque de rien. Le capital produit plus d'intérêt qu'ailleurs avec plus de sécurité. Il n'a pas de furieux assauts å soutenir contre les nouveaux venus qui veulent s'élever; les procédés du commerce, de la culture, de l'industrie sont simples et ne varient pas; nul besoin de s'ingénier et (le se travailler pour se tenir au courant sous peine de s'effondrer; pour se maintenir il suffit d'un peu de prudence. On n'est pas stimulé par la concurrence incessante et la crainte perpétuelle du péril å étendre et å compliquer indéfiniment ses opérations. Les grandes fortunes affectent par suite des proportions moins colossales que chez nous. Nul ne possède plus de quatre mille fois la valeur (lu salaire annuel d'un ouvrier. Mais les petits n'v gagnent rien; au contraire. Ils vendent bon marché et achètent cher. Un paysan se défait d'avance de sa récolte å moitié prix ; un mouton double de valeur h parcourir quelques lieues; le pain vaut presque deux fois son poids de blé, tandis qu'en France il ne vaut que les deux cinquièmes en sus. Un patron réalise sur chaque ouvrier qu'il emploie un bénéfice beaucoup plus considérable qu'il ne fait en France. Dans les mines du Nord, par exemple, le patron garde pour lui le sixième du profit total, distribant le reste en salaires aux ouvriers, au lieu qu'en Turkestan le chef d'un atelier de soieries s'attribue le quart du produit total, et le maître feutrier les trois huitièmes. Le petit commerce et la petite industrie sont aussi défavorables aux petits producteurs et aux travailleurs qu'aux consommateurs. Les pauvres sont dans des conditions d'existence bien plus pénibles que chez nous. C'est un ouvrier bien payé qui

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