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0268 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.2
Scientific Mission to High Asia 1890-1895 : vol.2
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.2 / Page 268 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000197
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242   MISSION SCIENTIFIQUE DANS .LA HAUTE ASIE.   •

est vénérable. En outre le principal office des mollas attachés ů un mazâr est de faire un repas en commun ; le premier soin de ceux qui fondent un mazâr est de le munir d'une marmite qui a un caractère sacré comme le ciboire et le calice; les pèlerins ont le devoir, s'ils veulent que leur visite soit agréée du saint et leur soitprofitable, d'offrir ce qu'il faut pour préparer le repas. On sait que manger ensemble était,

dans toutes les religions antiques, un acte sacramentel. Chez les Turcs de l'Altay le prêtre divise la viande (le la victime, l'offre aux dieux, hôtes invisibles, puis la distribue aux assistants, hôtes visibles qui représentent les dieux et, par conséquent, sont tenus de manger avec avidité. Le repas commun des mazârs est simplement un reste de sacrifice païen. Les mazârs sont situés le plus souvent clans des endroits écartés et déserts, or les Turcs païens de Sibérie de même que les Kazak, les Mongols et les Tibétains ont fine particulière vénération pour les lieux de ce genre. Les grands sacrifices des Turcs altaïques s'accomplissent près de petits .bois de bouleaux solitaires, les Kazak continuent ů faire (les sacrifices près de certains arbres isolés dans la steppe. Le génie qui y réside et qui a aujourd'hui pris le nom d'un saint musulman, a la vertu de procurer des enfants aux femmes stériles, qui viennent en secret immoler des brebis. C'est également le service le plus ordinairement demandé aux saints des mazArs. A la naissance d'un enfant, les parents vont souvent en pèlerinage au prochain mazâr et y donnent le festin de naissance. Lorsque, la première année accomplie, on doit raser pour la première fois la tête de l'enfant, on accom- plit souvent sur le tombeau d'un saint cette cérémonie, qui avait primitivement le caractère d'un sacrifice religieux, et qui est toujours accompagnée d'un repas. Enfin les mazârs sont environnés de terreur superstitieuse ; le téméraire qui ne se tiendrait pas å la distance réglementaire de la tombe et oserait en approcher davantage serait immédiate-

, ment englouti ou foudroyé.

Ce culte des mazârs se rattache au vieux culte des ancêtres. Le seul fait que ces sanctuaires sont toujours des tombeaux le laisserait supposer. Il ne suffit point qu'ils soient consacrés à des saints musulmans,