Il est naturel de penser que ces quelques individus perdus au milieu d'un peuple étranger, constamment obligés de parler la langue de ce peuple, finirontpar oublier jusqu'au dernier mot de leur dialecte primitif, dont ils ne possèdent aucun monument écrit, comme ils ont déjà oublié les coutumes de leurs pères auxquelles ils n'étaient attachés ni par un zèle religieux intransigeant ni par un sentiment patriotique inaltérable. S'ils ont conservé si longtemps quelque chose de leur individualité, ils le doivent moins à leur opiniâtreté qu'à leur misère, qui ferme le cceur des autres à l'indulgence et entretient chez eux une sorte de sauvagerie défiante et craintive..