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0380 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.2
Scientific Mission to High Asia 1890-1895 : vol.2
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.2 / Page 380 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000197
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354   MISSION SCIENTIFIQUE DANS LA HAUTE ASIE.

honorer leur hôte du moment en se considérant comme de la famille. Je me souviens d'un Tibétain qui se montrait extrêmement fier de ce que le chef de l'ambassade du La-dag lui avait témoigné son estime de cette manière. Cette coutume suppose la polyandrie, et chez certains peuples lui survit.

Les femmes tibétaines jouissent d'une liberté d'allures inconnue des femmes de la Chine et des pays musulmans; mais les auteurs chinois

et après eux plusieurs écrivains européens ont beaucoup exagéré la

supériorité de leur condition et leur influence dans la famille et dans la société. Elles sont des mineures perpétuelles, sous la tutelle de leur

père, puis de leur mari, de leur fils enfin. Elles s'occupent de toutes les besognes qui répugnent le plus à leur faiblesse ou que les hommes .rebutent, travaillent aux champs, vont puiser l'eau à la rivière en de lourds tonnelets, recueillent la fiente le long des chemins, portent les charges des caravanes dans les passages difficiles. Les auteurs chinois, souvent plus raisonneurs que bous et fidèles observateurs, ont avancé qu'elles sont plus vigoureuses que les hommes ; cette allégation est absolument- inexacte, quoiqu'à la vérité, est-il besoin de le dire ? elles soient moins frêles que les femmes chinoises et en général plus robustes que les pâles scribes du légat impérial, dont le poignet est moins ferme que le pinceau n'est élégant. Si elles exercent la haute main sur les affaires ménagères, c'est surtout à la paresse de leurs maris qu'elles le doivent ; d'ailleurs elles ne seraient pas femmes si elles ne savaient profiter de la pluralité de leurs seigneurs et maîtres pour susciter des rivalités entre eux, s'appuyer sur l'un contre l'autre et en arriver à leurs fins. On en voit qui ont l'un des frères pour favori et rendent la vie si dure aux autres qu'elles les amènent au partage clés biens ou à l'exil. De là à poser en principe que la femme tibétaine est maîtresse dans la maison il y a très loin, et, en effet, elle est assez méprisée et durement traitée. J'ai renoncé ..å compter le nombre de fois que des Tibétains m'ont, exprimé leur étonneiYier.de ce que l'Angleterre était gouvernée par une reine et il •était beau.ae voir l'air de commisération et de dédain avec lequel ils m'en parlaient, comme si:j'étais person-