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0382 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.2
Scientific Mission to High Asia 1890-1895 : vol.2
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.2 / Page 382 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000197
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356   MISSION • SCIENTIFIQUE DANS LA I-íAUTE ASIE.

selon le préfet de Nag-tchou, ce qui est précisément le rapport indiqué par A. Cunningham pour le La-dag'. On ne peut donc pas dire que l'insuffisance du nombre des filles ait été la cause de l'institution ou soit le motif du maintien de la polyandrie. Au contraire, il y a aujourd'hui trop de femmes au Tibet, et beaucoup ne trouvent pas à se marier pour ces deux raisons qu'il y a en moyenne dans les familles tibétaines un peu plus de maris que d'épouses, et qu'une foule d'hommes sont voués au célibat religieux. Quelques-unes se font nonnes, un plus grand nombre se livrentâ la prostitution. Dans toutes les villes et dans les plus petits villages il y a des femmes célibataires, qui tiennent ostensiblement de petits commerces et particulièrement des bars, mais l'eau-de-vie et la bière sont les moindres choses qu'elles vendent; Lha-sa n'est pas moins renommé pour la multitude de ses filles de plaisir que pour la multitude de ses moines et un Tibétain, qui savait mal farder la vérité, m'avoua un jour qu'A l'exemple de la plupart de ses compatriotes il y allait en pèlerinage plus pour le premier motif que pour le second. En somme les Tibétains ont à notre point de vue de très mauvaises moeurs et ils sont trop grossiers pour y attacher une importance sérieuse.

Aux yeux du voyageur qui passe, l'intérieur des familles tibétaines semble dépourvu (le lumière et de joie, tant l'apparence des choses est misérable; au dehors, un froid glacial sévit, la bourrasque de neige tourbillonne, au dedans un pauvre feu flambe fumeux et puant, presque inutile, la tente ou la maison est sale, peu commode, froide et nue avec des feutres trop usés pour amortir la rudesse du sol, les vêtements sont négligés et pleins de vermine, la nourriture fade et monotone, les tâches rudes ou abjectés. Pourtant nul n'aime autant que le Tibétain sa patrie et son foyer ; pour lui son pays morose et rebelle est le plus beau du monde, pour lui hors de sa maison délabrée,

1. Je note å ce propos ce que j'ai omis de dire dans mon travail sur le Turkestan chinois, å savoir que dans le district de Khotan, sur une .population totale de160,000 âmes, il ÿ a dix mille femmes de plus que d'hommes. C'est la même proportion qu'au Tibet, mais retournée.