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0383 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.2
Scientific Mission to High Asia 1890-1895 : vol.2
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.2 / Page 383 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000197
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LE TIBET ET SES HABITANTS.   357

hors de sa tente déchiquetée et secouée par le vent, il n'y a ni paix, ni joie. il trouve moyen d'être gai plus souvent que triste ; il se donne du bon temps et se divertit à peu de frais. Une tasse de thé beurré ou un pot de bière avec une bonne pipe de tabac, une causerie bruyante,.relevée de plaisanteries au gros sel, une partie animée de dés ou d'osselets, cela suffit au bonheur d'un Tibétain. Je n'ai pas remarqué que leurs divertissements fussent tr ès variés; qu'imorte, s'ils y trouvent toujours. un plaisir nouveau ? A ce propos je relèverai une erreur commise par M. Rockhill, d'ordinaire observateur si sûr; il prétend que les Tibétains pratiquent peu les jeux de hasard et que notamment le jeu de dés leur est inconnu. Or, il n'existe point de peuple plus épris de la passion du jeu que les Tibétains, ils dament le pion (qu'on me permette l'expression) aux Chinois eux-mêmes et gageraient jusqu'à leur chemise s'ils en avaient. Le jeu le plus communément usité parmi eux est justement celui de dés ; ils se servent de trois dés cubiques (cho) marqués sur leurs faces opposées 1 et 6, 2 et 3, 4 et 5. Mais de tous les divertisse-. ments, ceux qui occupent la première place dans leur opinion, ce sont le chant et la danse. Ils ont la voix forte et ne l'élèvent pas sur un ton aussi aigu que les Turcs ; leurs chants, comme leurs danses, sont moins gais et moins vifs, non dénués de grâce pourtant. Quoique la lenteur et la monotonie des voix et des mouvements nous semblent tristes, les Tibétains sont convaincus que rien ne saurait être plus joyeux. Les instruments de musique sont la guitare hindoue (pi-ouang), la guimbarde (k'a-pi), le chalumeau de bambou å six ou sept trous (ling-bou), le tambourin. On affectionne les doubles cheeurs d'hommes et de femmes, rangés face à face et se répondant vers par vers en avançant et en reculant doucement en cadence. C'est surtout au printemps que l'on se livre å ces exercices, et ils sont toujours entourés d'une certaine solennité; le temps en est fixé d'avance, ceux et celles qui y prennent part doivent avoir fait leurs ablutions et revêtu des habits propres comme pour une cérémonie religieuse. Il serait peu décent de danser au hasard et sans règle, uniquement pour l'amusement. Les Tibétains ont coutume de chanter en accomplissant les divers travaux agricoles, le labour, les