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0416 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.2
Scientific Mission to High Asia 1890-1895 : vol.2
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.2 / Page 416 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000197
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390   MISSION SCIENTIFIQUE DANS LA HAUTE ASIE.

bouddhistes. Mais s'il m'a suffi de dire que les habitants du Turkestan chinois sont musulmans pour que le lecteur sût aussitôt å quoi s'en tenir, des explications sont nécessaires pour préciser ce qu'il faut exactement entendre par cette proposition : les Tibétains sont bouddhistes. La religion des Tibétains est fort différente de la doctrine que le Très Sage prêcha dans l'Inde au ive siècle avant notre. ère. Cette doctrine concevait le ' monde comme une simple collection d'attributs qui ne sont attachés à aucune substance réelle ; l'univers n'est qu'un composé d'apparences, une immense illusion ; rien n'existe en soi, car tout cesse d'être au moment même où il est, tout s'écoule dans un perpétuel devenir. Le bonheur n'est donc point possible puisqu'il serait détruit à l'instant même oii il serait atteint; la vie, agrégat de modalités indéfiniment changeantes, est nécessairement imparfaite, vouée au mal, ů la douleur et ů la mort. La mort å son tour n'est qu'un point dans l'évolution .universelle,. un passage d'une forme de vie < une nóuvelle forme; car telle est la puissance de l'illusion que les éléments, qui constituaient l'apparence dissoute par la mort, conservent dans les profondeurs de l'inconscient le désir d'entrer dans la combinaison d'une apparence nouvelle, et, comme un aveugle qui ne voit pas la vanité (les choses, ils errent dans la nuit vide, se laissant mener par la karma, résultante de leurs actions antérieures et jeter dans le moule, supérieur ou inférieur, que celle-ci leur assigne' ; la forme retrouvée, la conscience

1. La conception bouddhiste de la métempsychose est fort différente de la conception -vulgaire. Ce n'est pas la continuation, de la personnalité de chaque individu après la mort, le passage de l'âme dans un autre corps. Les premiers bouddhistes et les profonds philosophes hindous, sur lesquels ils s'appuyaient, et qui ont inventé, cinq ou six siècles avant le Christ, â peu prés toutes les idées que la philosophie allemande de notré siècle a cru découvrir, étaient bien éloignés d'idées aussi puériles. Pour eux, l'âme n'est qu'une série d'attributs et d'actes psychiques, de même que le corps n'est qu'une série de faits physiques. Lorsque l'ensemble des faits qui constituent l'apparence corporelle se dissout par la mort, il ne disparaît pas plus que l'ensemble des faits psychiques qui constituent la personnalité morale, car rien ne se perd-, rien ne se crée. Les actes subsistent et continuent à influer sur la vie entière du monde en entrant dans des combinaisons nouvelles.