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0417 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.2
Scientific Mission to High Asia 1890-1895 : vol.2
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.2 / Page 417 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000197
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LE TIBET ET SES HABITANTS.   391

renaît et après elle successivement la sensation, le désir de vivre, l'attachement aux biens du monde, la transmission de l'existence h un héritier, la douleur et la mort. La roue tourne ainsi sans fin et l'on ne peut sortir de ce cercle de misères que par la connaissance de la vérité, qui fait'voir le mensonge des choses et le mal irréparable de l'existence, et par l'abolition de la passion et du désir, qui sont les causes de la vie. L'apathie absolue réalisée, on échappe à la loi du devenir, on entre dans l'état parfait, immuable, oh la conscience, le sentiment, la joie et la souffrance ont disparu. Cette philosophie pessimiste exclut toute spéculation de théodicée. Dieu est inutile, puisque tout dans le inonde est rigoureusement déterminé. Il ne peut pas exister en tant qu'être parfait, distinct et maitre de l'univers; car, ou bien l'existence ne se conçoit point sans action et sans mouvement, or l'action et le mouvement sont une dérogation ii la perfection absolue; ou bien l'existence est conçue abstraitement, dégagée de toutes ses modalités, auquel cas l'Étre parfait, immuable, sans pensée et sans volonté, sans colère et sans amour, incapable d'agir ou de songer å agir, sans limites et par conséquent indistinct, sans attributs en un mot (car les attributs sont relatifs et donc incompatibles avec la perfection), se confond avec le nirvdcna, c'est-å-dire avec le néant, qui ne diffère en rien (le l'absolu. Cette doctrine sévère, réservée

Si un individu a mal vécu, la résultante mauvaise de ses actes se fera sentir après sa mort en entrant dans la formation de nouveaux êtres moraux, qui auront les mêmes caractères d'avidité, de vain attachement aux choses du monde et le mal de l'univers en sera accru. Au contraire, celui qui a bien vécu, qui a étouffé en lui le désir et supprimé l'activité -aura par cela même supprimé des causes de maux futurs, il n'aura pas contribué au mouvement de la.roue de vie génératrice de misères, et si tous les êtres vivants l'imitent, cette roue fatale s'arrêtera enfin, le repos succédera å l'action, la perfection et le néant, ces deux termes indissolubles, régneront seuls. La sanction d'une bonne ou d'une mauvaise vie est donc non pas le bonheur ou le malheur individuel dans le siècle futur, mais le bonheur ou le malheur général. Cette théorie était trop haute pour l'égoïsme universel, chacun a voulu garder pour soi le bénéfice de ses efforts au lieu de le mettre å la tirelire publiqùe, et les Bouddhistes, sauf les docteurs les plus distingués, ont fini par accepter sur l'âme et la vie future les opinions puériles et populaires.