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0017 Les documents chinois découverts par Aurel Stein dans les sables du Turkestan Oriental : vol.1
Les documents chinois découverts par Aurel Stein dans les sables du Turkestan Oriental : vol.1 / Page 17 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000255
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INTRODUCTION   vii

porte du Jade vers 94 av. J.-C. ; le second tronçon poussait plus à l'ouest jusqu'à 93° 3ó de longitude et aboutissait au site T. iv où fut peut-être la porte du Jade vers 39 av. J.-C. (cf. le N° 428).

A partir du site T. iv, la route se poursuivait vers le sud-ouest jusqu'au Lop nor, mais il n'y avait plus de muraille continue ; les Chinois s'étaient contentés d'élever de place en place des fortins pour assurer les gîtes d'étapes des caravanes. Les Romains n'agirent pas autrement lorsque, en Tripolitaine par exemple, ils étendirent leur influence au delà du limes, en pénétrant dans l'intérieur par des postes avancés qui assuraient la sécurité des communications.1

Parmi ces forteresses chinoises détachées en plein désert, une des plus importantes paraît avoir

été celle qui occupait l'emplacement T. vi, dans les environs de 93° i 5' de longitude ; des fiches en nombre très considérable ont été exhumées là par M. Stein ; elles se répartissent entre les années

65 et 56 av. J.-C. Cette période correspond en effet à un très grand développement de la puissance

militaire des Han: en 77 av. J.-C., le général chinois Fou Kiai-tseu   tua le roi de Leou-

lan     Ag et rétablit son royaume sous le nom de Chan-chan   ; grâce à ce succès, les Chinois
se trouvèrent maîtres de la route du Sud 2; en 6o av. J.-C., la soumission d'un prince Hioag--nou leur livrait aussi la route du Nord 3 ; c'est alors que, pour la première fois, en 6o av. J.-C., on établit un protecteur général us a chargé de surveiller à la fois la région du Nord et celle du Sud dans le Turkestan oriental ; le premier titulaire de ce poste, Tcheng Ki 05*, eut sa résidence à Wou-lei , ,1 63,, près de Hami. A ce moment la puissance chinoise prit tout son essor et à ce moment aussi se multiplient les documents recueillis par M. Stein.

Une autre époque oú la politique chinoise fut très active est celle de l'usurpateur Wang Mang: #: nous avons en effet des fiches datées respectivement des années 8 p. C. (No 585 ; Wang Mang était déjà alors tout puissant), 9 p. C. (No 367), 12 p. C. (N° 272), 14 p. C. (No 307), 15 p. C. (No 482), 17 p. C. (Nos 368 et 369), 20 et 21 p. C. (No 592). Cette constatation ne laisse pas que de contredire quelque peu le témoignage des historiens ; au dire de Pan Kou, en effet, Wang Mang aurait provoqué une rupture entre les Hiong-nou et la Chine dès l'année 9 p. C. en modifiant maladroitement la forme et la suscription du sceau qui était conféré au chan yu ou chef suprême des Hiong-nou ; à partir de ce moment, les pays d'Occident se seraient révoltés.4 En fait, Wang Mang parait avoir maintenu le prestige des armes chinoises dans l'Ouest jusqu'à la fin de son règne, et c'est pendant l'époque troublée du début de la seconde dynastie Han que le pouvoir de la Chine subit une éclipse momentanée.

Pour la dynastie des Han orientaux, nos fiches présentent des dates qui s'échelonnent sur une durée d'un siècle environ, depuis l'an 35 p. C. jusqu'à l'an 137 p. C. ; elles marquent la période pendant laquelle les Han orientaux suivirent une politique énergique dans leurs relations avec l'Occident ; c'est aussi la période oit s'établissent les rapports commerciaux qui nous sont attestés par Marin de Tyr et Ptolémée.

2

Ces documents, qui vont de 98 av. J.-C. jusqu'à 137 p. C., ont une importance historique considérable. Tout d'abord, ils sont les plus anciens manuscrits chinois qu'on connaisse à ce jour ;

les fiches en bambou du Tchou chou ki nien t   eg 4, qui devaient remonter à l'an 300

av. J.-C. et qui furent exhumées en 28 i p. C., ont maintenant disparu d'une manière définitive 5 ;

' Cf. R. Cagnat, La Frontière militaire de la Tripolitaine, Mémoires de l'Acad. des Inscriptions, t. XXXIX, p. 28.

2 Cf. Commentaire du Chouei king, dans Toung pao, 1905,

P. 51.

3 Cf. Toung pao, 1907, p. 194, n. r.

4 Cf. Toung pao, 1907, p. 155, n. 2.

5 Cf. l'appendice Ier du vol. V de ma traduction de Sseu- ma Ts'ien.