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0031 Les documents chinois découverts par Aurel Stein dans les sables du Turkestan Oriental : vol.1
Les documents chinois découverts par Aurel Stein dans les sables du Turkestan Oriental : vol.1 / Page 31 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000255
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INTRODUCTION   xxi

Mieux vaudrait encore, si l'âge n'était venu, continuer à guerroyer contre les insaisissables nomades du Nord. Pourtant les conditions de la lutte sont dures dans le pays qui est au delà de la grande muraille ; la nature hostile fait cause commune avec l'ennemi ; l'âpre hiver aggrave la difficulté des marches en pleine nuit : '

Si la lune est obscurcie et si les oies sauvages volent haut,

C'est parce que le chan yu pendant la nuit s'enfuit ; 2

(Le général chinois) veut prendre des cavaliers rapides pour les poursuivre ; Une neige abondante couvre les arcs et les épées.

M

AA.   a a T-i o ao A * 4 4 2/o

La bataille n'est pas d'ailleurs ce que le soldat redoute le plus ; il craint davantage les corvées dont on l'accable pour continuer le long mur opposé par Ts'in Che Kouang- li comme une digue aux

flots des peuples pillards.   Une poésie de l'époque des trois royaumes nous rappelle sous une
forme dialoguée les plaintes de ceux qui travaillent à cette oeuvre maudite : 3

On fait boire les chevaux dans les fosses 4 de la grande muraille ;

L'eau est si froide qu'elle fait mal aux chevaux jusqu'aux os.5

(Le soldat de corvée) va dire à l'officier qui surveille la construction de la grande muraille :

` Veillez à ne pas retenir ici les soldats de Tai yuan.' 6

(L'officier lui répond :) ` Pour les travaux du gouvernement il y a des règles fixes ;'

Allez construire, en chantant la mélopée 8 d'accord avec les autres.'

` Mieux vaudrait pour un homme (réplique le soldat) mourir en combattant corps à corps ;

Comment supporterions-nous d'être oppressés par le chagrin en construisant la grande muraille ? '

La grande muraille, comment se déroule-t-elle sans fin ?

Elle se déroule sans fin sur un parcours de trois mille li.

Dans les villes de la frontière il y a beaucoup de jeunes hommes robustes ,

Dans les demeures de l'intérieur (de la Chine) il y a beaucoup de femmes abandonnées.9

I Poésie de Lou Louen   kt, appellation Yun yen /ll
qui était dans la force de l'âge pendant la période ta-li

(766-779). Voyez Tang che san po cheou tchou sou, chap. vi, a, p. 14 r°.

2 Le chan yu, c'est-à-dire le souverain des Hiong-nou, menacé par une armée chinoise, décampe pendant la nuit. Son départ est signalé par la poussière qui s'élève et obscurcit la lune et par les oies sauvages qui, effrayées, s'envolent dans les airs. Le général chinois va se jeter à la poursuite des fuyards malgré les ténèbres et malgré la neige.

' Poésie de Tchen Lin   , appellation Kong-tchang

, commencement du troisième siècle de notre ère. Voyez Kou che chang si, chap. ix, pp. 16 vo-17 r°.

4 Il est difficile de savoir exactement ce que l'auteur entend

par le mot g qui signifie, non pas un fossé, mais une fosse ou une cavité ; peut-être ces fosses sont-elles celles qu'on avait creusées pour prendre la terre destinée à la construction de la muraille ; ces fosses auraient servi par la suite à re-

cueillir les eaux de pluie. Le titre ` faire boire les chevaux dans les fosses de la grande muraille ' est un titre commun à plusieurs poésies dont la première en date paraît être celle de Tsai Yong , a (133-192); voyez Kou che chang si, chap. vi, p. Io ro--v°.

5 Ces deux premiers vers montrent la rigueur du climat et introduisent l'idée que les hommes employés à la construction de la muraille voudraient bien revenir dans leur pays.

s C'est dans la région de Tai yuan, dans le Chan-sr, qu'avaient été recrutés beaucoup des hommes employés à. la construction de la grande muraille. Le soldat qui parle est originaire de T`ai yuan.

7 L'officier répond qu'il ne dépend pas de lui d'abréger le temps de service.

8 La mélopée par laquelle les travailleurs rythment leurs efforts.

g Dans ces quatre vers, le poète montre l'immensité de la grande muraille et fait voir les maux que cause cette entreprise gigantesque en séparant les maris de leurs femmes.