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0142 Un traité manichéen retrouvé en Chine : vol.1
Un traité manichéen retrouvé en Chine : vol.1 / Page 142 (Grayscale High Resolution Image)

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doi: 10.20676/00000257
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--.~-~•( 132 )44. -   [108]

V. Régles concernant les bâtiments du monastére (1).

indiquer en note que, d'après le dictionnaire de Radlov, tuhon signifiait ccvêtement de veuve». M. Radlov (p. 755) a admis que le cc vêtement de veuve» était certainement ici le vêtement du cadavre, que l'homme avait écarté quand il avait pris le cadavre pour sa femme et dans lequel il était resté plus ou moins empêtré. Mais il a supposé subsidiairement, pour expliquer l'expression , que la défunte pouvait être une veuve; nous ne croyons pas que cette hypothèse secondaire soit fondée. La qualité de veuve n'ajouterait rien à la portée de l'histoire, et il faudrait d'ailleurs qu'il fût question de ce veuvage auparavant; le texte montre qu'il n'en est rien. Il nous paraît donc plus probable que le a vêtement de veuve» se confond avec le n vêtement funéraire'', et tel est peut-être même le sens primitif de l'expression. En tout cas, il résulte de cette légende deux choses : d'abord que les manichéens n'usaient pas de cercueils, mais qu'ils ne laissaient pas les cadavres nus; ensuite qu'ils les déposaient bien dans un endroit ouvert et accessible, et par suite ne les enterraient pas; il y a donc au moins une part de vérité dans les indications des textes chinois. La légende enfin autorise peut-être une hypothèse sur l'origine même du mot supuryan. On sait qu'aujourd'hui, en mongol, suburyan est le nom des stūpa, mais le mot même de stūpa avait passé dans le bouddhisme turc; M. Radlov indique ici dans une note la forme astup (p. 755); on a stup dans MÜLLER, Uigurica, II, p. 38; les inscriptions ouigoures de Kiu-yong-kouan, en 1345, écrivent à maintes reprises asdup. On rencontre cependant dans le bouddhisme turc le mot suburyan, en une expression sin suburyan qui paraît avoir primitivement le sens de cc cimetière n ou de cc dépôt mortuaire n , et il est à noter que, dans le seul cas où nous ayons jusqu'ici une correspondance chinoise pour ce

terme, ce n'est pas fQ t'a, stūpa, qui est donné, mais   ki-ti, qui
semble bien designer un lieu de dépòt pour les cadavres (cf. MÜLLER, Uigurica, I, 58 ; II , 53 ). AL Radlov (p. 755) s'est déjà demandé si suburyan n'était pas n originairement un mot en usage chez les manichéens pour [désigner un] emplacement funéraire». Cette opinion nous paraît très vraisemblable, mais peut-être peut-on aller plus loin, à titre d'hypothèse, pour expliquer le mot. Les

textes en écriture R ouigoure 77 ne distinguent pas entre b et p, mais il n'en est pas de même dans l'écriture crmanichéennen, et le fragment de M. von Le

Coq, écrit en lettres manichéennes, donne nettement supuryan et non subur-

yan. Nous avons songé à une étymologie iranienne; M. Gauthiot, consulté sur ce point, nous a suggéré spur -}- xān cc demeure de perfection»; sur spur, cf.

HiiBSCHMANN, Persische Studien, p. 73; le mot correspondant uspura apparaît fréquemment en iranien oriental. Si l'explication est juste, le mongol moderne aurait ainsi conservé, au sens de stupa, le nom iranien technique de ce qui, dans le manichéisme, correspondait plus ou moins au dakhma mazdéen.

(1) Comme on le voit, ce fragment faisait partie d'une sorte de catéchisme, d'un manuel de la doctrine et du culte manichéens. Les documents de Tour-fan ne paraissent pas avoir donné, fût-ce par bribes, de texte analogue. Quant