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Un traité manichéen retrouvé en Chine : vol.1 |
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le moment antérieur, il n'y a pas encore les cieux et
les terres; il existe seulement, à part l'une de l'autre, la lu-
mière et l'obscurité; la nature de la lumière est la sagesse; la
nature de l'obscurité est la sottise (i) ; dans tout leur mouvement
et dans tout leur repos, il n'est aucun cas où ces deux prin-
cipes ne s'opposent.
Dans le moment médian, l'obscurité a envahi la lumière;
elle se donne libre carrière pour la chasser; la clarté vient et
entre dans l'obscurité, et s'emploie tout entière pour la re-
pousser(2). Par la tt grande calamité » (3), on a le dégoût [qui
fait qu'on veut] se séparer du corps; dans la « demeure en-
flammée»0), on fait le voeu [par lequel] on cherche à s'échap-
per. On fatigue le corps pour sauver la nature [lumineuse];
la sainte doctrine est fermement établie. Si on faisait du faux
le vrai, qui oserait écouter les ordres [reçus] ? Il faut bien
discerner, et chercher les causes qui délivrent (5).
Dans le moment postérieur, l'instruction et la conversion (6)
sont achevées; le vrai et le faux sont retournés chacun à sa ra-
~
tr
(i) Cf. supra, ire partie, p. 556, où il est question du démon de la convoitise (qui dans ce texte répond à Ahriman, le cc démon primitif» de l'obscurité), et de cela sottise qui lui appartient en propre».
. Le sens propre de wei-tche est un peu douteux; mais il
s'agit évidemment ici des éléments lumineux qui sont entrés en lutte avec la matière. Cf. supra, 1 r` partie, p. 5 t h et suiv.
II doit y avoir ici une allusion au Tao tö king , S 13 : cc Ce qui me rend sujet à une grande calamité, c'est que j'ai un corps» (cf. LEGGE, Texts of Taoism, I, 56). C'est une cc allusion littéraire» courante de dire que Lao-tseu
a appelé le corps la cc grande calamité» (JC ta-houan).
houo-tchai. Le membre de phrase précédent s'inspirait du taoïsme;
cette expression-ci est empruntée au bouddhisme. L'homme vit dans les trois mondes au milieu de la souffrance comme quelqu'un qui se trouverait dans une maison embrasée et qui chercherait à s'échapper; cf. Bukkö jiden, s. v. ! ' .
Pour cette dernière phrase, cf. la première phrase du traité manichéen de Pékin (supra, 1 Te partie, p. 5o8).
0) 'L kiao-houx; nous avons donné aux deux mois leur valeur propre,
mais ils se combinent en une expression usuelle qui marque l'oeuvre de transformation produite par la civilisation.
11.
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