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Documents sur les Tou-kiue (Turcs) occidentaux : vol.1 |
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EDOUARD CHAVANNES.
grands honneurs son envoyé et qu'à lui-méme on décerne le titre de grand
kagan; alors la force des Tou-Niue sera divisée et les deux parties nous
obéiront». L'empereur dit: «Vos paroles sont justes». Il chargea donc P'ei
Kiu d'aller soir et matin à l'hôtellerie pour endoctriner subtilement (l'en-
voyé). L'empereur manda cet envoyé dans le palais Jer - fong il lui ex-
pliqua les raisons qu'il avait de trouver Tch'ou-lo +o insoumis; il lui dit:
«Che-koei Q a -de bonnes dispositions; je me propose de le nommer grand
kagan; je l'inviterai à mettre des soldats en campagne pour tuer Tch'ou-
lo Ci et après il faudra que le mariage (qu'il demande) ait lieu». L'empe-
reur prit une flèche dont la tige était en bambou de l'espèce t'ao') et dont
les plumes étaient blanches, pour qu'elle fût remise en présent à Che-
koei Q; il en profita pour dire (à l'envoyé) : «Cette affaire doit étre prompte-
ment menée, avec la rapidité de la flèche». L'envoyé, sur le chemin du
retour, traversa (le territoire de) Tch'ou-lo 10, la flèche plut à Tch'ou-lo ~o
qui voulut la garder; l'envoyé le trompa et put s'échapper.
Che-koei Q, apprenant (ce qui s'était passé), fut très content; il leva
des soldats et attaqua à l'improviste Tch'ou-lo @. Tch'ou-lo @ essuya une
grande défaite; il abandonna ses femmes et ses enfants, et, avec quelques
milliers de cavaliers de son entourage, il s'enfuit vers l'orient; Sur la route,
un détachement (de ceux qui l'accompagnaient) fut fait prisonnier; il se cacha
à l'est de Kao-tch'ang (Kara-khodjo) et se tint sur ses gardes dans la mon-
tagne Che-lo-man 2). Le roi de Kao-tch'ang (Kara-khodjo), K'iu Pe-ya, en
informa la cour. L'empereur chargea P'ei Kiu de prendre avec lui dame
"Jiang et les personnes les plus importantes de son entourage et d'aller en
toute hâte à Yu-men koan dans la ville de Tsin-tch'ang3). (P'ei) Kiu
gt /6. Cette expression désigne une espèce de bambou dont les noeuds étaient à quatre pouces de distance les uns des autres; cf. Br e t s c h n eider, Botanicon sinicum, 2de partie, nos 170 et 456.
Le nom de cette montagne est écrit de la même manière dans l'inscription de Kiang
Hing-pen 4 érigée en 640 (cf. Kin che tsoei pien, chap. XLV et Si yu choei
tao ki, chap. III, p. 27 r°); cette inscription parle en effet de «la montagne Che-lo-man de I-ou»
fi t
[ [ [ ; nous voyons par là que cette montagne était près de I-ou, c'est à dire de Ilami. Dans la partie géographique du T'ang chou (chap. XL, p. 8 v°), nous lisons
aussi que, à Lou iff- (Ilami), il y a la montagne Tche-lo-man 0j (le Kieou
T'ang chou, chap. XL, p. 28 v°, écrit ) qu'on appelle aussi T'ien chan (monts
célestes) 111, Cette montagne est donc l'extrémité orientale du système du T'ien chan,
au nord de Ilami. Sous la transcription Che-lo-man ou Tche-lo-man on retrouve le mot turc Kiloman et c'est. sans doute ce même mot qui se devine sous la transcription plus ancienne de K'i-lien )C[ 7t qui avait cours h l'époque des Han (cf. Si yu t'ou tche, chap. XXI, p. 1 r° et Richthofen, China, vol. I, p. 482).
Cette ville de Tsin-tch'ang m était, d'après le dictionnaire de Li Tchao-lo, à
l'est de Ngan - si tcheou ` jj , du Kan-sou; le fameux passage Yu-men koan p9
était à 20 pas à l'est de Tsin-tch'ang (Han chou si yu tchoan tchou, chap. I, p. 2 v°).
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