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0062 Documents sur les Tou-kiue (Turcs) occidentaux : vol.1
Documents sur les Tou-kiue (Turcs) occidentaux : vol.1 / Page 62 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000256
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52   EDOUARD CHAVANNES.

t'eou ®; son nom fut Che-koei kagan ®. Il établit sa cour dans la montagne

San-mi qui est au nord de K'ieou-tse (Koutcha). A l'ouest de Yu-men

(koan), la plupart des royaumes lui furent soumis; il fut le rival des

Tou -kiue orientaux.

A la mort de Che-koei ®, son frère cadet, T'ong Che-hou (jabgou) ®

lui succéda; ce fut Tong Che-hou (jabgou) kagan. Tong Che-hou kagan ®

était brave et avisé. Quand il livrait bataille il remportait aussitôt la vic-

toire; ainsi il s'annexa les rie-le (Tölös); il soumit le Po-se (Perse) et le

Ki pin (Kapiça)1); il avait plusieurs centaines de mille d'archers. Il trans-

féra sa cour à Ts'ien-ts'iuen, au nord du royaume de Che (Tachkend); alors

il soumit à ses lois les divers royaumes des contrées d'occident; il conféra

à tous (leurs rois) le titre de hie-li-fa; puis il ordonna qu'un t'ou-t'oen

(toudoun) surveillerait le gouvernement pour contrôler la rentrée des taxes.

L'année suivante, Che-koei ®2) envoya des ambassadeurs à la cour;

comme il y avait une haine héréditaire entre lui et Ho-sa-na g il demanda

à le tuer; l'empereur n'y consentit pas; ses ministres lui dirent: «Pour

sauver un homme c'est perdre un royaume; dans la suite, cela vous causera

du tourment». Le roi de Ts'in') dit: «Non; cet homme est venu se réfugier

auprès de nous; si nous le tuons, ce n'est pas un acte qui puisse porter

  1. C'est par erreur qu'à la p. 24, ligne 9, j'ai indiqué l'équivalence de Ki-pin = Gandhâra. Les identifications avec le Kophéne (Kaboul) ou le Cachemir ne sont pas moins fautives. M. Sylvain Lévi a établi, d'une manière qui me semble définitive, que le Ki-pin était le Kapiça. Les preuves qu'il en donne sont les suivantes: 1° le précieux dictionnaire chinois-sanscrit

, dont l'auteur est un religieux de Koutcha nommé Li-yen Cg

donne pour Ki-pin mij   l'équivalent sanscrit Kapiça, en transcrip-

tion chinoise Kie-pi-cho-ye   4   ` -   (Cf. Comptes-rendus de l'Académie des Inscrip-

tions, séance du 29 Janvier 1899, p. 19). — 2° Chez Hiuen-tsang (Si yu ki, trad. Julien, tome I, p. 42), e: environ un siècle plus tard chez Ou-k'ong (tirage à part, p. 13), nous trouvons deux témoignages parallèles d'après lesquels les rois de cette région avaient coutume de passer l'été dans"le Kia-pi-che (Kapiça), dit Hiuen-tsang, dans le Ki-pin, dit Ou-k'ong, tandis que, pendant les saisons plus fraîches, ils séjournaient au Gandhâra; le rapprochement de ces deux textes prouve à l'évidence que Ki-pin = Kia-pi-che = Kapiça (cf. Journal asiatique, Janv.—Fév. 1896, p. 161-162). — 3° Enfin, dans les pages mêmes que nous traduisons en ce moment, on voit (p. 24, ligne 9, et p. 52, ligne 9) que le pouvoir de T'ong Che-hou kagan s'étendit au sud jusqu'au Ki-pin; or, lorsque ce kagan reçut la visite de Hiuen-tsang en 630, il lui donna un guide pour l'accompagner jusqu'au Kia-pi-che (Kapiça), c'est-à-dire jusqu'A la limite méridionale de sa domination (Vie de Hiuen-tsang, trad. Julien, p. 58). Ici encore Ki-pin nous apparaît comme l'équivalent de Kia-pi-che (Kapiça). — Voyez aussi sur ce sujet une note de M. Sylvain Lévi dans le Journal asiatique de Nov.—Déc. 1897, p. 529, n. 2.

Il est regrettable que M. S c hl e g e l (T'oung pao, Série II, vol. I, p. 330) ait obscurci ce point parfaitement clair en cherchant sous les caractères Ki pin le mot sanscrit Kripanin qui n'existe pour ainsi dire pas et qui n'est connu que par un catalogue de mots grammaticaux, d'après le dictionnaire de Böhtlingk.

  1. I1 y a ici une erreur évidente puisque Che-koei, à cette époque, était mort. Au lieu de Che-koei, il faut lire Che pi; cf. p. 22, ligne 3.

  2. Le futur T'ai tsong. Cf. p. 22, n. 2.

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