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Documents sur les Tou-kiue (Turcs) occidentaux : vol.1 |
106 EDOUARD CHAVANNES.
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contre nous, si les soldats sont nombreux, les chars de grain ne seront pas
en suffisance; si les soldats sont moins de trente mille, nous pourrons en
être maîtres. Après avoir franchi le désert, ils seront épuisés et leur forces
seront émoussées; attendons tranquillement ceux qui seront fatigués, et,
bien reposés, recevons ceux qui seront las». La quatorzième année (640),
apprenant que les soldats impériaux étaient arrivés à la sortie du dé-
sert, il fut saisi d'épouvante et ne sut quel parti prendre; il tomba
malade et mourut.
Son fils, (K'iu) Tche-cheng monta sur le trône. (Heou) Kiun-tsi
attaqua à l'improviste la ville de T'ien-ti; K'i-pi Ho-li, avec l'avant-garde,
fit un massacre dans le combat; cette nuit-là, une étoile tomba dans la
ville; le lendemain, on s'empara de cette ville; on fit plus de sept mille
prisonniers.
Le tchong- lang- tsiang Sin Leao-eul vint de nuit, avec des cavaliers
vaillants, serrer de près la capitale. (K'iu) Tche-cheng envoya une lettre
pour dire à (Heou) Kiun-tsi: «Celui qui a été coupable envers le Fils du
Ciel, c'est le roi défunt; ses fautes ont été graves et les réprimandes se
sont amassées contre lui; il a fait s'effondrer sa destinée. (K'iu) Tche-cheng
lui a succédé sur le trône depuis peu; qu'il soit pardonné par vous». (Heou)
Kiun-tsi dit : «Celui qui sait se repentir de ses fautes doit se présenter les
mains liées derrière le dos à la porte du camp». (K'iu) Tche-cheng ne
répondit pas. (Heou) Kiun-tsi combla les fossés, fit avancer des machines
de guerre 1) et les pierres volantes tombèrent comme une pluie. Dans la
ville régna une grande terreur. (K'iu) Tche-cheng ordonna à son général
en chef K'iu Che-i de rester pour garder la place; lui-même, avec le
wan - ts'ao K'iu Té - tsiun, se rendit à la porte du camp et demanda à
changer de conduite et à servir le Fils du Ciel. (Heou) Kiun-tsi l'exhorta
à se soumettre; avant que les explications (données par le roi de Kao-
tch'ang) fussent devenues d'une humilité complète, Sie Wan-kiun se leva
brusquement et dit: «Il faut d'abord prendre la ville; qu'est-il besoin de
discuter avec ce jeune enfant? qu'on donne le signal et qu'on marche de
l'avant !» (K'iu) Zche-cheng trempé de sueur se prosterna à terre et dit:
«Qu'il en soit comme vous l'ordonnerez». Alors il fit sa soumission.
(Heou) Kiun-tsi divisa son armée pour s'emparer définitivement du
pays qui compta en tout trois arrondissements, cinq sous-préfectures,
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1) Dans l'inscription qui fut érigée en 640 près du lac Barkoul à la louange de Kiang Hing pen, général de la suite de Heou Kinn-tsi, il est aussi question de ces machines de guerre. Voyez encore à ce sujet la biographie de Heou Kiun-tsi dans le chapitre LXIX du Kieou T'ang chou.
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