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Documents sur les Tou-kiue (Turcs) occidentaux : vol.1 |
166 EDOUARD CHAVANNES.
fE
Notice sur le Cachemire').
(T'ang chou, chap. CCXXI, b, p. 6 r°).
i
Le Kou-che-mi est aussi appelé Kia-che-mi-lo (Kâçmîra); dans la di-
rection du nord, il est à cinq cents li du Pou-lu (Gilghit); son territoire a
quatre mille li de tour; des montagnes l'enserrent de tous côtés, (en sorte
que) les autres royaumes ne peuvent l'attaquer. Le roi a pour capitale la
ville de Po-lo-ou-lo-pou-lo (Pravarapoura) °), qui est, du côté de l'ouest,
riveraine de la grande rivière Mi-na-si-to (V itastâ) a). Ce pays est favorable
à la culture des céréales; il y tombe beaucoup de neige et le vent n'y souffle
pas; il produit des perles à feu 4), du yu-kin5), des chevaux de la race des
dragons. (Les habitants) ont coutume de se vêtir d'étoffes de laine. Suivant
une tradition populaire, cette contrée était à l'origine l'étang d'un dragon;
le dragon se transporta ailleurs, et l'eau se dessécha; c'est pourquoi on
alla habiter là.
Au début de la période k'ai-yuen (713-741), (le Cachemire) envoya
des ambassadeurs rendre hommage à la cour. La huitième année (720), un
décret impérial conféra par brevet le titre de roi au roi Tchen-ro-lo pi-li
(Tchandrâpîda). De temps à autre il offrit des drogues (du pays des) Hou et
des bois célestes s). A la mort (de Tchandrâpîda), son frère cadet Mou-topi
(Mouktâpîda) monta sur le trône 7); il envoya l'ambassadeur Ou-li-to rendre
Le Cachemire ne semble avoir fait partie, à aucune époque de son histoire, de l'empire Tou-kiue. Il n'en est pas moins vrai cependant que les Turcs établis à ses portes, dans le Kapiça et le Gandbâra, ont pu exercer une certaine influence dans ce royaume. Nous en avons la preuve dans la relation du religieux bouddhiste chinois Ou-k'ong; ce voyageur, qui séjourna dans le Cachemire de 759 à 762, cite, au nombre des édifices qui s'y trouvent, le monastère du
Ye-li t'e-le (ou Yel tegin - a) fondé par le fils du roi des Tou-kiue,
et le monastère de la Katoun i c'est-à-dire de la femme d'un kagan turc. D'autre part
la Râja-taranginî parle du Tchankouna vihâra qui fut construit par Tchankouna le Turc (Toukhâra-Tchankouna). Cf. L'itinéraire d'Ou-k'ong (751-790), par Sylvain Lévi et Ed. Chavannes, Journal Asiatique, Sept.-Oct., 1895, pp. 341-384; — Stein, Notes on Ou-k'ong's account of Kaçmir, p. 3 et p. 20-21 (Sitzungsberichte. der Kais. Akad. der Wissenschaften in Wien, phil.-hist. Cl., CXXXV Bd., 7 Abh.).
L'identification de Fo-lo-ou-lo-pou-lo avec Pravarapoura, ancien nom de Srinagar, a été proposée par Stein (Notes on Ou-k'ong's account of Kaçmir, p. 26-29).
Cf. Stein, op. cit., p. 30-31.
1( Cette expression désigne (les lentilles qu'on fabriquait en taillant du
cristal de roche; ou s'en servait pour produire le feu eu concentrant les rayons du soleil, et c'est pourquoi on les nommait des perles à feu. Cf. de Mély, le Lapidaire chinois, p. 60-61.
C'est la plante que les botanistes appellent Curcuma; cf. Br e t s c h n eider, Plants mentioned in classical works, n° 408.
]K . Le texte parait ici être corrompu.
Mouktâpîda reçut en 733 l'investiture de la cour de Chine. Voyez, plus loin, les Extraits du Tch'e fou yuen koei, à cette date.
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