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Documents sur les Tou-kiue (Turcs) occidentaux : vol.1 |
194 EDOUARD CHAVANNES.
bien arrêtée que manifesta Hiuen-tsang de se laisser mourir de faim si on
le retenait de force, il consentit à lui rendre sa liberté; il lui fit seule-
ment promettre de s'arrêter trois ans chez lui à son retour; cet engagement
n'eut pas à être tenu, puisque le royaume de Kao-tch'ang fut anéanti par les
Chinois en 640 et que Hiuen-tsang ne revint qu'en 644-645'). K'iu Wen-
t'ai, quoique étant d'origine chinoise, était en relations étroites avec les
Tou-kiue occidentaux, car sa fille avait épousé le fils aîné de T'ong che-hou
kagan ®; il lui fut donc possible de donner à Hiuen-tsang des lettres de
recommandation, qui lui furent précieuses, pour le chef suprême des Tou-
kiue occidentaux.
Nous avons décrit en détail l'itinéraire que suivit Hiuen-tsang de Tour-
fan à Tokmak 2). C'est près de Tokmak qu'il rencontra Che-hou kagan® qui
était alors occupé à chasser; le biographe nous a laissé une description sai-
sissante du spectacle inoubliable qui s'offrit alors à la vue du pélerin : «Les
chevaux de ces barbares étaient extrêmement nombreux. Le Khan portait
un manteau de satin vert et laissait voir toute sa chevelure; seulement, son
front était ceint d'une bande de soie, longue de dix pieds, qui faisait plu-
sieurs tours et retombait par derrière. Il était entouré d'environ deux cents
officiers, vêtus de manteaux de brocart, et ayant tous les cheveux nattés.
Le reste des troupes se composait de cavaliers montés sur des chameaux
ou des chevaux, vêtus de fourrures et de tissus de laine fine et portant
de longues lances, des bannières et des arcs droits. Leur multitude s'éten-
dait tellement loin, que l'oeil n'en pouvait découvrir la fin (trad. Julien,
Vie, p. 55)».
Si l'on tient compte du temps que Hiuen-tsang avait passé à Leang
tcheou, à Koa tcheou et à Kao-tch'ang oit il fit des séjours prolongés, et du
temps qu'il dut mettre à parcourir d'une manière forcément peu rapide les
nombreuses étapes qui mènent de Tourfan jusqu'au delà de l'Issyk-koul, il
est évident que, parti de Si-ngan fou le huitième mois de l'année 629, il ne
put arriver à Tokmak que dans les premiers mois de l'année 630.
T'ong che-hou kagan ® vivait donc encore en 630, et il faut rejeter
comme erroné le témoignage qui le fait mourir en 6283). D'autre part,
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Cf. p. 110, note .
Cf. p. 6 et suiv. Itinéraire A.
Cf. p. 95, ligne 11. — On pourrait faire ici l'objection suivante: Cite -hou kagan est un titre commun aux princes des Tou - kiue occidentaux (cf. p. 95, n. 3); comment peut-on prouver que le Che-hou kagan visité par Hiuen-tsang est T'ong che-hou, et non un autre? La réponse nous est fournie par le texte du Si yu ki (trad. Julien, tome I, p. 30) dans lequel il est question de Se che-hou kagan C), fils de Che-hou kagan; le père de Se che-hou kagan est en effet T'ong che-hou kagan et c'est donc bien de ce dernier que Hiuen-tsang parle en l'appelant Che-hou kagan.
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