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0229 Documents sur les Tou-kiue (Turcs) occidentaux : vol.1
Documents sur les Tou-kiue (Turcs) occidentaux : vol.1 / Page 229 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000256
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DOCUMENTS SUR LES TOU-KIUE OCCIDENTAUX.   219

I.

Origine de la distinction des Tou - k i u e en septentrionaux et occidentaux.

La division des Turcs en septentrionaux et occidentaux se produisit,

s'il faut en croire les annalistes chinois, vers l'an 582 de notre ère; cette

assertion demande à être expliquée. S'il est exact que la scission définitive

n'ait eu lieu que vers 582, la dualité existait cependant à l'état latent dès

les origines mêmes de la nation turque.

Le premier prince turc qui assura l'indépendance de 'ses hordes et

qui, par ses victoires, prépara leur grandeur future, fut un certain T'ou-

men qui mourut en 552. Son frère cadet, Che - tie - mi, n'est autre que

l'ancêtre des chefs des Tou-kiue occidentaux; il suffit en effet de dresser la

généalogie de ces chefs pour voir qu'ils sont tous issus de lui. En outre,

un texte capital du Kieou T'ang chou') nous apprend que Che-tie-mi ac-

compagna le souverain des Turcs, c'est-à-dire T'ou-men, dans ses cam-

pagnes en Occident, qu'il était à la tête de dix grands chefs commandant

chacun à un clan, que ses descendants gouvernèrent de génération en géné-

ration ces dix clans ou tribus avec le titre de bagatour jabgou. Ainsi, dès

l'époque de T'ou-men et de Che - tie - mi, les Turcs nous apparaissent

comme formant effectivement deux branches, la branche aînée et la branche

cadette; celle-ci conservait dans la titulature de ses princes le titre de

jabgou qui était immédiatement inférieur à celui du kagan suprême; elle

avait sous ses ordres dix clans. Nous reconnaissons bien là les Turcs occi-

dentaux qui sont désignés tantôt sous le nom de «Turcs des dix tribus»,

tantôt sous celui de «Turcs du jabgou 2)». T'ou-men et Che-tie-mi sont donc

les premiers chefs des deux sections du peuple turc, et, comme ils sont tous

deux les fondateurs de sa gloire, on comprend pourquoi ils sont évoqués

de compagnie sous les noms de Boumin et Istämi au début des inscriptions

de Koscho - Tsaïdam 3).

Mais, si les Turcs occidentaux et septentrionaux sont distincts dès le

milieu du VI° siècle, il est vrai, d'autre part, de dire que leur séparation

politique ne fut consommée qu'en 582. Les raisons qui provoquèrent la

  1. Cf. p. 38, lignes 18-24.

  2. Cf. p. 95, n. 3.

  3. T h o m s e n, Inscriptions de l'Orkhon, p. 97: «Au-dessus des fils des hommes s'élevèrent nies ancêtres Bourrin kagan et Istämi kagan». L'identification de Che-tie-mi et Istämi est due à M a r q u a r t (Historische Glossen zu den alttùrkischen Inschriften, p. 185). — La chute

de l'i initiale est régulière dans les transcriptions chinoises; Che-tie-mi 'V NA

Istämi, de même que Che-ti-hen x   Ischtîkhàn, et de même que Sai-kia-chen

ta   = Ischkeschm.