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0250 Documents sur les Tou-kiue (Turcs) occidentaux : vol.1
Documents sur les Tou-kiue (Turcs) occidentaux : vol.1 / Page 250 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000256
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240   EDOUARD CHAVANNES.

dans la seconde année de la régence de Tibérius César, c'est-à-dire en

5761); il emmenait avec lui cent six Turcs qui, venus dans la capitale à

la suite des précédentes ambassades, y étaient restés; le but de sa mission

était d'aller annoncer au kagan que Tibérius avait assumé l'exercice de l'au-

torité impériale; il se proposait en même temps de renouveler le pacte

conclu par Zémarque avec Dilziboul 2) et de pousser les Turcs à attaquer

les Perses. Dans une région qui parait être située au nord du lac d'Aral,

Valentin traversa un peuple scythique gouverné par une femme nommée

Akkagas qui tenait son pouvoir d'Anagai 3), roi des Outigours; puis il

arriva auprès de Tourxanth 4) qui était un des huit chefs entre lesquels

était divisé l'empire turc; le plus ancien de ces chefs se nommait Arsilas 5),

nom dans lequel on retrouve le mot turc Arslan = lion. Tourxanth reçut

fort mal Valentin; il se plaignit amèrement de la fourberie des Romains,

leur imputant à crime d'avoir fait un traité avec les Onarchonites (les Pseu-

davares ou Avares d'Europe) ses esclaves, et les menaçant de les écraser

comme les Alains et les Outigours qui avaient été vaincus par les Turcs;

puis, prenant à partie l'ambassadeur lui-même, il lui reprocha de ne pas

s'être lacéré le visage en signe de deuil comme l'exigeait la coutume tur-

que, puisque le kagan Dilziboul, père de Tourxanth, venait de mourir.

Valentin et ses compagnons, moins hardis que l'ambassadeur chinois Wang

K'ing qui, en 572, se refusa à se soumettre, à cet usage barbare e), se

  1.  La seconde année de la régence de Tibérius commence en Décembre 575.

  2.  Ménandre (Fragen. hist. graec., IV, p. 245 b): ai p.sTa;ù ' I o p.c oov TE xx't Tou'px ov

7rpoEX4oikaI a7rovk'c, etc De-ro .,CAíßooA   TE xat 'Iouativoc Ó ria(7tÄsùç, / p.xpy.ou 7rß wtov
'ExEias cpourr,aavtOç. Comme nous avons vu plus haut que le kagan auprès duquel se rendit Zémarque s'appelait Dizaboul, ce texte confirme l'identité de Dizaboul et de Dilziboul.

  1.  Ce nom paraît être le même que celui d'A-na-koai Pif NES IZ , le roi des JoanjoCen qui s'était tué en 552 après avoir été vaincu par les Turcs. Cette remarque est de Hirth (Nachworte zur Inschrift des Tonjukuk, p. 110, n. 1).

  2.  Dans le nom de Tourxanth, Mar Marquart (Historische Glossen, p. 188) a proposé hypothétiquement de voir le terme Turgäch chad, c'est-à-dire chad des Turgach. Mais il résulte du récit de Ménandre que Tourxanth était le plus occidental de tous les chefs Turcs; les Turgitch au contraire étaient une des cinq tribus Tou lou (cf. p. 34, ligne 7) qui sont les plus orientales; ils devaient, du moins à l'époque dont il est ici question, se trouver dans le bassin de la rivière Ili; je ne crois donc pas que Tourxanth puisse être considéré comme leur chef.

  3.  Ce personnage n'est pas mentionné dans les documents chinois. Le mot zaAxítspoç dont se serf Ménandre doit signifier qu'Arsilas était le plus ancien ou le doyen des huit chefs turcs; il ne signifie pas, comme le dit Marquart (Historische Glossen, p. 18G), qu'Arsilas fût le chef suprême des Turcs «der oberste Herrscher der Türken».

  4.  Tcheou chou, chap. XXXIII, p. 3 v°: «Il se trouva alors que leur kagan (Mou-han kagan mort en 572) mourut subitement; les Turcs dirent à Wang K'ing: «En d'autres circonstances, les ambassadeurs qui sont venus ici et qui ont trouvé notre royaume en deuil, se sont tous lacéré le visage en signe d'affliction; à plus forte raison, maintenant que nos deux pays sont amis et alliés, comment pourriez-vous ne pas accomplir cet acte?» Wang K'ing refusa obstinément et n'obéit pas: les Turcs, voyant que sa résolution était bien prise, n'osèrent pas en définitive le contraindre».