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0253 Documents sur les Tou-kiue (Turcs) occidentaux : vol.1
Documents sur les Tou-kiue (Turcs) occidentaux : vol.1 / Page 253 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000256
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DOCUMENTS SUR LES TUU-KIUE OCCIDENTAUX.   243

innombrables d'argent, d'objets précieux, d'armes magnifiques et de mobi-

lier. Il s'y trouvait, entre autres, les trésors d'Afrâsiyâb et d'Ardjâsf et

la couronne, la ceinture et les boucles d'oreilles de Siyâwousch. Bahrâm

en fit dresser les listes et envoya, par ses hommes de confiance, toutes ces

richesses, sur des milliers de chameaux, en pourvoyant à leur protection

par une escorte, à la cour de Hormoz 1)». Malgré son exagération évi-

dente, ce texte est important, parce qu'il prouve que Baïkand, près de

Boukhârâ, n'était pas une ville quelconque, mais que c'était la citadelle

où Schâba conservait ce qu'il avait de plus précieux. Schâba et son fils

Barmoûdha, que Dînawarî appelle aussi Yer-tegin ou Yel-tegin 2), n'étaient

donc pas, quoiqu'en dise Tabari, les chefs suprêmes des Turcs; ce devaient

être des rois d'une des petites dynasties de la Sogdiane assujetties aux

Turcs et c'est vraisemblablement, comme le supposait déjà Abel Rérn u-

sat 3), le nom de famille Tchao-ou de ces princes Sogdiens qu'on retrouve

dans le nom qui s'écrit Schâba en arabe et Schâwa en persan.

Malgré son succès, Bahrâm Tschoûbîn ne tarda pas à tomber en dis-

grâce. D'après les historiens arabes et arméniens 4), on fit croire à Hormizd

(lue le vainqueur ne lui avait livré qu'une part du butin et avait gardé le

reste pour lui; selon Théophylacte 5), Bahrâm, après avoir remporté de

grands succès sur les Turcs, se serait fait battre par les Romains sur les

bords d'un bras du fleuve Araxe en Albanie, dans le Caucase oriental; cette

seconde version expliquerait mieux pourquoi Hormizd envoya par dérision

à son général une quenouille et des vêtements de femme.

li

  1. Trad. Zotenberg, p. 655.

  2. Nöldeke, Geschichte der Perser und Araber, p. 272, n. 2. — Cf. p. 198, lignes 18-23.

  3. Nouveaux Mélanges asiatiques, tome I, p. 227, n. 2. Cf. Nöldeke, Geschichte der Perser und Araber, p. 261, n. 1. — Sur le nom de famille Tchao-ou, voyez plus haut, p. 133, n. 1.—C'est bien à la victoire remportée par Bahrâm sur Schâba que doit faire allusion l'historien arménien Méos quand il dit: «A la suite d'une victoire éclatante remportée sur le roi des Mazkouths, il le tua et fit sur ses terres un butin immense» (Patkanian, Journ. As. Fev.Mars 1866, p. 187). Marquart (Êrânsahr, p. 64) suppose fort ingénieusement que Mazkouth est l'ancienne dénomination de Massagètes par laquelle S é b ê o s désignerait les Turcs; on sait en effet que, au témoignage de Théophane de Byzance, les Turcs s'appelaient autrefois Massagètes (cf. p. 232, lignes 8-9). — D'autre part, je considère comme peu admissible l'hypothèse de Marquart (Historische Glossen, p. 188-189 et Êrânsahr, p. 65) que Schâba serait identique à Tch'ou-lo-heou; la seule raison dn rapprochement est que Tch'ou-lo-heou mourut ea 588 (Soi chou, chap. LI, p. 3 v°) et qu'il périt percé d'une flèche lors d'une expédition qu'il faisait dans l'Ouest (Soei chou, (chap. LXXXIV, p. 4 v°). Mais Tch'ou-lo-heou appartenait à la branche des Turcs septentrionaux et ne devait pas avoir sa résidence à Balkand.

  4. Tha`âlibi, trad. Zotenberg, p. 657. Sébêos, dans Patkanian, Journ. As., Fév.Mars, 1866, p. 188.

  5. Théophylacte Simocatta, III, 7-8 et Théophane, Chronographic, éd. De Boor, p. 263. — Cf. Nöldeke, Geschichte der Perser und Araber, p. 272, n. 3.