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Documents sur les Tou-kiue (Turcs) occidentaux : vol.1 |
DOCUMENTS SUR LES T0U-KIUE OCCIDENTAUX. 289
"V?
Considérons maintenant les récits arabes: en 88 de l'hégire (707 ap.
J.-C.), le général arabe Qotaïba avait soumis la ville de Noumeschkath,
capitale du Boukhârâ, lorsque, en s'en revenant à Merw, il fut attaqué par
les Turcs; ses soldats remportèrent la victoire après un combat acharné;
«on dit que l'ennemi qu'ils vainquirent ainsi avec l'aide de Dieu, fut Kour-
enghâboun (?), neveu de l'empereur de la Chine, qui était venu les attaquer
avec deux cent mille hommes» 1). Comme il n'est nullement question à
cette date, dans les annales chinoises, d'une expédition dans les contrées
d'occident 2), il est vraisemblable que l'empereur de la Chine dont il
est parlé dans ce texte n'est autre que le chef suprême des Turcs;
son neveu serait alors Kul-tegin, neveu de Me-tch'ouo (Kapagan kagan).
Mais il faut reconnaître que la date de 707 ne se concilie pas avec celles
qui sont données dans l'inscription; peut-être faut-il l'expliquer en disant
que la stèle passe sous silence un évènement qui n'est pas à la gloire de
son héros. La concordance s'établit avec plus de facilité dans un autre
cas : au printemps de l'année 712, Qotaïba vint assiéger dans Samarkand
le roi Ghourek (Ou-le-kia des Chinois) qui avait été mis sur le trône en
remplacement de Tarkhôn (Tou-hoen) 3); Ghourek implora l'appui du roi
de Tachkend et du prince de Ferghânah ainsi que du kagan 4); celui-ci
envoya une troupe d'élite sous les ordres d'un fils du kagan ; mais ce corps
d'armée fut détruit et Samarkand dut capituler 5). Il est fort possible que
le «fils du kagan», qui est mentionné ici, soit Kul-tegin 6), car la date de
712 correspond assez bien à la seconde des indications chronologiques de
l'inscription.
Quelle que soit la valeur de ces rapprochements, ce qui ressort avec
évidence des témoignages que nous venons de citer, c'est, d'une part, que
les Turcs qui intervenaient en Sogdiane au commencement du VIII' siècle
étaient des Turcs septentrionaux, et d'autre part, qu'ils furent hors d'état
de s'opposer aux progrès des Arabes; on comprend d'ailleurs aisément
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Tabarî persan, trad. Zotenberg, tome IV, p. 162-163. Cf. cependant W. Barth old, Die alttürkischen Inschriften und die Arabischen Quellen, p. 7-8. B a r t h o l d croit que le chef turc nommé dans ce texte est un Turgäch.
Ajoutons que, le 12° mois de l'année 706, le général chinois Cha-tch'a Tchong-i avait été complètement battu par les Turcs septentrionaux auprès de la montagne Ming•cha, dans le voisinage de Cha tcheou (Kan-sou). Il est donc hautement improbable que, en 707, des troupes chinoises aient pu être envoyées au-delà de l'Oxus, ce qui supposerait qu'elles auraient été victorieuses des Turcs, et non vaincues par eux.
Cf. p. 136, n. 1 et n. 4.
Cf. M a r q u a r t, Die Chronologie der alttürkischen Inschriften, p. 8.
Tabarî, trad. Zotenberg, t. IV, p. 181-182.
C'est l'opinion de M a r q u a r t, op. cit., p. 8; mais elle est combattue par B a r t h o l d, Die alttürkischen Inschriften und die arabischen Quellen, p. 10-11.
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