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0011 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 11 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000286
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INTRODUCTION   9

savoir où finit la vérité biographique et où commence la fiction légendaire : et du fait même de son apothéose il n'en pouvait être autrement. En même temps qu'il se divinisait, tous ses actes devaient être du même coup transposés, en corps comme en détail, dans la région surnaturelle des miracles et des mythes. Peut-être ne saurait-on trouver meilleure occasion — en un cas où aucun scrupule confessionnel ni aucune vénération héréditaire ne risque d'obscurcir le jugement des Européens — de saisir sur le vif le mécanisme de cette transposition inévitable.

Rappelons brièvement les faits de la cause. En ce temps-là qui était à peu près celui de Zoroastre et de Confucius, cent ans avant Socrate et cinq siècles avant Jésus-Christ — en un coin perdu du Téraï népalais encore marqué par un pilier inscrit de l'empereur Açoka, dans la famille d'une sorte de seigneur féodal naquit un enfant. Sa mère mourut sept jours après sa naissance. Il fut élevé par sa tante maternelle, seconde épouse de son père, grandit, reçut l'éducation convenable à sa caste, se maria et eut à son tour un fils : mais à ce moment il fut pris d'un invincible dégoût du monde. Un beau jour, ou plutôt une belle nuit, — il avait alors vingt-neuf ans, l'âge critique pour les prophètes — il abandonne tout, maison, famille, épouse, enfant et quitte à cheval sa ville natale. Au matin il renvoie sa monture et son écuyer avec ses parures princières, échange ses vêtements de soie contre les grossiers habits d'un chasseur et, devenu moine mendiant, se met en quête d'une solution à l'éternel problème de la Destinée. Tout d'abord il entre à l'école d'ascètes réputés ; mais l'enseignement de ses maîtres ne le satisfait pas et il se retire dans la solitude. Enfin, après six ans de pénibles recherches, comme il était assis sous un arbre dont le rejeton existe encore près de Gayâ, dans le Bihâr, il croit sentir à l'aube du jour la vérité se lever en lui en même temps que le soleil, et il découvre le remède à la douleur du monde. Tout d'abord il va à Bénarès prêcher la nouvelle voie du salut à cinq de ses anciens compagnons d'étude ; mais bientôt le nombre des convertis se multiplie et sa doctrine se propage. Le Maître lui-même, quarante-cinq années durant, promène sa prédicante mendicité à travers tout le bassin moyen du Gange. Enfin la mort le surprend, au cours d'une de ces incessantès tournées, dans une petite bourgade obscure, située dans la même région, mais plus à l'Est que celle où il avait reçu le jour ; et il rend le dernier soupir, d'après les Singhalàis, en l'an 543, ou, d'après les calculs des savants européens, vers 477 avant notre ère.

Voilà tout ce que nous savons, ou croyons savoir d'à peu près sûr au sujet de celui qui est resté surnommé le Bouddha — c'est-à-dire « l'Éveillé » ou, comme on traduit d'ordinaire, «l'Illuminé » (mieux vaudrait dire « le Clairvoyant », car le mot d'Illuminé a pris en français une acception péjorative). Rien ne peut être plus historique, au sens habituel du mot, que cette courte notice ; rien aussi de moins sensationnel. Mais attendez à peine deux