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0012 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 12 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000286
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IO   LA VIE DU BOUDDHA

siècles : déjà la renommée du prophète s'est répandue dans toute

l'Inde avec sa doctrine. Pour des myriades de disciples et de fidèles

il est devenu le Prédestiné, le Bienheureux, le Précepteur des hommes et des dieux. Avec une fidélité et une clarté plus ou moins grande sa pensée revit dans leur conscience à tous ; au contraire son image, réfractée par ces innombrables miroirs, irradie au point de devenir de plus en plus indiscernable. Déjà son existence n'est plus qu'un tissu de miracles. Tantôt il confond ses plus orgueilleux rivaux ou convertit ses pires adversaires à coups de prodiges inouïs ; tantôt il monte au ciel ou en descend à sa guise. Les animaux, les peuples et les rois le vénèrent à l'envi. Les dieux eux-mêmes l'exhortent à prêcher sa doctrine et y adhèrent les premiers. Seul, le génie du Mal et de la Volupté, dont il est venu détruire l'empire, se constitue son implacable ennemi ; et, à l'heure décisive de l'Illumination suprême, une lutte formidable s'engage entre l'ascète sans armes et les hordes monstrueuses de l'armée des démons. Ce n'est pas tout : la jeunesse du futur Bouddha se pare à présent des couleurs les plus chatoyantes. Le drame pathétique de sa vocation, la splendeur de la vie mondaine à laquelle il renonce, son habileté dans tous les genres de sports, d'arts ou de sciences, l'éclat de sa race, l'inexprimable beauté de sa personne, ce sont là désormais autant de choses qui vont sans dire et que les textes ne se lassent pourtant pas de répéter. Rien, quand il s'agit de cet être unique au monde, ne doit plus être l'effet du hasard : c'est délibérément qu'il a choisi sa ville natale, sa caste, sa famille, sa mère ; et ce n'est pas sans "raison que celle-ci est morte au bout de sept jours. Ni sa naissance, ni sa gestation, ni sa conception ne sauraient plus être naturelles ; et il ne se peut pas que son avènement n'ait été annoncé dans le présent par des songes et des présages, et dès le plus lointain passé par les prédictions d'autres Bouddhas semblables à lui — disons mieux : décalqués sur lui.

C'est ainsi que l'imaginatiQn populaire s'est emparée de la biographie de cet homme et l'a, par sa vertu magique, exaltée en la

légende d'un dieu. Dès lors, l'on comprend mieux pourquoi la

critique européenne a tout naturellement adopté deux attitudes bien différentes en face de cet inextricable mélange de réalité et

d'idéal, de vérité et de fiction, d'histoire et de mythe. Elle s'est

trouvée, si l'on peut se permettre cette comparaison, comme devant un de ces fourrés quasi impénétrables à force d'être faits

d'enchevêtrements de troncs séculaires, de rameaux multipliés,

de branches entrelacées et de lianes grimpantes — lieux communs des forêts équatoriales, mais qui ne se rencontrent guère

dans la djangle indienne qu'au fond des humides vallées de l'Himâlaya oriental. Que faire en présence d'un tel massif ? Se borner à tourner autour de lui, à compter ses frondaisons ou ses floraisons luxuriantes, à y reconnaître les produits spontanés du sol de l'Inde, non moins fécond en fables que celui de la Grèce —