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0014 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 14 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000286
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12   LA VIE DU BOUDDHA

premiers feux de sa gloire -(ce sont les campagnes d' Italie et d'Egypte), puis poursuivant sa triomphante carrière au milieu des signes du zodiaque représentés par ses maréchaux, jusqu'à ce qu'enfin vaincu dans une lutte suprême contre les puissances du froid et des ténèbres (c'est la retraite de Russie), il agonise et s'éteint au fond de l'océan Austral (à Sainte-Hélène). Aussi H. Oldenberg a-t-il eu beau jeu à revendiquer contre l'intransigeance de cette conception purement mythologique les droits de l'histoire. Le caractère mythique de certains traits de sa légende ne permet pas de mettre en doute le fond réel de la biographie du Bouddha. Il y a plus d'un enfant dont la naissance a coûté le jour à sa mère. Il pousse d'autres arbres sur le sol de l'Inde que l'Arbre des Nuées des sagas scandinaves, et c'est sous un de ces arbres toujours feuillus des tropiques que, selon la coutume des religieux de son temps et du nôtre, Çâkya-mouni était assis à l'heure de son Illumination. Simple yogui entre tant d'autres (on dirait à présent sâdhou ou fakir), il a mené une existence parfaitement tangible, terrestre, humaine. C'est sur un bûcher de bois qu'a eu lieu, selon la coutume indienne, la crémation de son cadavre ; et, les traditions qui nous ont été transmises à son sujet une fois dépouillées de leurs enjolivements suspects, « il nous reste entre les mains un noyau solide de faits positifs, acquisition à la vérité fort modeste, mais absolument sûre, pour l'histoire ».

— Soit, répond Émile Senart dans le dernier opuscule qu'il ait consacré à cette question : le Bouddha a certainement existé ; il a même exercé un prestige personnel des plus puissants, puisqu'il s'est avéré un fondateur d'ordre religieux et un entraîneur de foules. De tout cela nous tombons d'accord : mais en quoi cela nous explique-t-il le tour particulier qu'a pris sa légende ? Admettons qu'il ait été assis sous un vulgaire figuier au moment de son Illumination et que celle-ci n'ait été qu'une crise psychologique comme en ont eu de tout temps les visionnaires : encore reste-t-il à expliquer pourquoi cette crise d'âme a été conçue comme un duel entre le moine solitaire et le Dieu de l'Amour et de la Mort, et représentée comme une victoire sur une armée de génies du mal. Hallucination ou allégorie, dira-t-on ? Mais d'où vient que cette fantasmagorie .démoniaque reproduise justement les épisodes, les accessoires et les couleurs du vieux duel atmosphérique, entre le dragon des ténèbres et le héros lumineux, dont sont remplis les hymnes védiques ? Et comment se fait-il que pour désigner l'acte de la prédication on ait eu recours au vieux symbole solaire de la roue, arme invincible du Monarque universel ? A toutes ces questions et à bien d'autres encore il n'est qu'une réponse recevable : c'est que ces symboles, ces figures, ces décors hantaient les esprits dans les milieux où s'est développé le bouddhisme. A l'indice personnel du fondateur et à l'apport doctrinal de ses moines, il faut encore ajouter la collabo-