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0015 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 15 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000286
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INTRODUCTION .   13

ration aussi spontanée qu'anonyme des fidèles laïques, nourris dès l'enfance de mythes vishnouïtes : à ce prix seulement il est possible de rendre compte des bizarreries et des incohérences de la tradition scripturale.

On le voit : si l'interprétation mythologique d'É. Senart, poussée à l'extrême, tend à dissiper en fumée la personnalité du Bouddha, l'évhémérisme de H. Oldenberg aboutirait de son côté à une méconnaissance non moins grave de cette figure qui, arbitrairement isolée de son ambiance, deviendrait incompréhensible. Tous deux semblent donc avoir à la fois raison et tort, raison dans ce qu'ils admettent, tort dans ce qu'ils omettent. Dans le Bouddha d'É. Senart c'est l'homme qui manque ; dans celui de H. Oldenberg, ce qui fait défaut, c'est le dieu. Or, ne nous lassons pas de le répéter, bien que Çâkya-mouni ait lui-même pris soin de nous avertir qu'il n'était qu'un homme, il est non moins certain que l'Inde en a fait un dieu. C'est là le trait dominant de sa destinée, là que réside l'intérêt passionnant de son histoire ; et quiconque en entreprend une étude d'ensemble ne saurait négliger ni l'un ni l'autre de ces deux aspects.

Ainsi donc, si grande que soit notre admiration pour l'érudition et la force de pensée qu'attestent les deux principales théories européennes relatives au Bouddha, il faut avouer qu'aucune d'elles ne nous satisfait pleinement. Dès lors il ne reste d'autre alternative que de se garder aussi bien des vertigineux essors de la mythologie comparée que des platitudes de l'évhémérisme et de suivre à mi-côte un petit sentier particulier. Et si l'outrecuidance paraissait à d'aucuns excessive de prétendre frayer ainsi une voie moyenne — ce chemin du juste milieu que le Maître recommandait formellement en toute occasion à ses disciples — qu'il soit permis de plaider qu'il y a un précédent. On raconte en effet qu'à la mort de Çâkya-mouni ses grands disciples éprouvèrent le besoin de fixer l'unique héritage qu'il leur eût laissé, à savoir sa doctrine. Ils convinrent donc de se réunir à Râdjagriha, la capitale du Magadha (aujourd'hui Râdjguir), et là, rappelant à l'envi leurs souvenirs, ils récitèrent ensemble, en une sorte de synode ou de concile, le texte ne varietur de la Bonne Loi. Ils avaient à peine fini que survint par hasard un autre moine, nommé Pourâna (l'Ancien), que la convocation n'avait pas touché. On lui dit : « La Loi a été bien récitée par les doyens ; accepte cette Loi qu'ils ont récitée. » Et il répondit : « Il n'y a pas de doute que la Loi n'ait été bien récitée par les doyens ; mais ce que j'ai moi-même entendu des lèvres du Bouddha, ce que j'ai reçu de sa bouche, c'est à cela que je me tiendrai ». Osons dire à notre tour avec tout le respect convenable : « En vérité la biographie du Bouddha a été bien étudiée par nos prédécesseurs et nos maîtres ; mais justement ce sont eux qui nous ont enseigné les méthodes rigoureuses de la critique et prescrit le recours constant aux