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0016 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 16 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000286
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LA VIE DU BOUDDHA

textes. Leurs mânes ne trouveront donc pas mauvais que nous remontions à notre tour jusqu'aux sources et que nous relisions après eux les Écritures qui renferment tout ce que nous pourrons jamais savoir de la vie et de la personne de Çâkya-mouni. Les savants européens ont très bien parlé ; mais souffrez que nous nous en tenions avant tout à la tradition indienne... »

Ici se présente, pour nous barrer la route choisie, une objection des plus spécieuses : A merveille, pourra-t-on dire, relisez les textes tout à votre aise : mais oserez-vous prétendre que ces textes vous suggéreront des conclusions autres que celles qu'en ont tirées vos prédécesseurs ? Selon le choix que vous ferez de vos autorités, vous retomberez forcément dans l'une ou l'autre des deux ornières déjà tracées. C'est un fait bien connu de tous les indianistes que H. Oldenberg a fondé sa théorie sur les écritures rédigées en pâli et É. Senart sur celles qui sont rédigées en sanskrit ou en prâkrit. Celui-ci professe, comme on dit, le bouddhisme du Nord, celui-là le bouddhisme du Sud ; car il n'y a pas une, mais deux grandes traditions bouddhiques, et entre les deux il vous faudra choisir à votre tour. Ou bien vous adopterez le préjugé. d'orthodoxie que le talent de H. Oldenberg en Allemagne et de Rhys Davids en Angleterre a un instant créé en faveur du canon singhalais ; ou bien, avec l'école française, vous resterez suspect d'hérésie pour vous être surtout attaché aux textes originaires du Népâl.

Cette argumentation peut paraître très forte aux personnes non prévenues ; et naguère, fondée qu'elle était sur une connaissance exacte de l'état des recherches, elle eût même été irréfutable : elle ne l'est plus aujourd'hui. Assurément, si l'on examine les choses à l'échelle des continents, de même que le christianisme européen compte une Église grecque et une Église latine, l'Asie orientale connaît un bouddhisme du Nord et un bouddhisme du Sud. Il y a même infiniment plus de différence, du point de vue des rites comme des doctrines, entre un lama chinois ou tibétain, d'une part, et un bonze singhalais ou cambodgien de l'autre, qu'entre un pope moscovite et un prêtre romain. Mais pour qui reste délibérément enfermé dans les frontières de l'Inde, il faut renoncer une fois pour toutes à prendre au pied de la lettre cette dénomination surannée (encore qu'il soit parfois commode de l'employer) de textes du Sud et de textes du Nord. Elle avait sa pleine raison d'être quand Eugène Burnouf recevait les manuscrits dans leur nouveauté des deux bouts opposés de la péninsule, les uns de Ceylan et les autres du Népal ; mais avec le progrès des études que son génie a fondées, grâce à la comparaison instituée entre les Écritures indiennes conservées et les traductions chinoises ou tibétaines des canons des diverses sectes bouddhiques, il est de plus en plus clairement apparu que, d'où qu'ils viennent, les plus anciens de ces textes sont, au même titre que le

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