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0021 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 21 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000286
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INTRODUCTION   19

devoir, à l'exemple des bibliographes chinois, intituler la première version européenne de sa relation : « Mémoires sur les contrées occidentales, traduits du sanskrit en chinois en l'an 648 par Hiouen Thsang et du chinois en français... ». Que l'illustre explorateur, quand rentré dans sa patrie il rédigea à loisir son Si Yuki, ne se soit pas fait faute d'utiliser, pour préciser ses souvenirs, les livres qu'il avait rapportés de l'Inde, rien n'est plus vraisemblable, mais son récit de voyage n'est pas pour autant « traduit du sanskrit ». Comme nous aurons l'occasion de le montrer en détail (infra, p. io8), l'accord habituel entre sa Relation et les Écritures provient du fait que celles-ci ne sont de leur côté, en tout ce qui touche la biographie du Bouddha, qu'une rédaction plus ou moins littéraire des propos que se transmettaient sur place et de bouche en bouche les cicérones des « huit places saintes ». Du même coup s'expliquent et le morcellement de la légende, reflet de la vie errante dû Maître, et l'apparence décousue du plan qu'à sa suite il nous faudra adopter. Seul le cycle de Kapilavastou présente une assez longue série continue parce que les vingt-neuf premières années du Bodhisattva se sont passées dans cette ville ou à ses abords immédiats ; mais après l'Illumination à Bodh-Gayâ et la Première prédication à Bénarès, tout ordre, aussi bien logique que chronologique, se rompra jusqu'à l'Ultime trépas à Kouçinagara. Seule subsistera la répartition géographique, et c'est pourquoi les incidents inoubliés de la carrière magistrale nous promèneront de Çrâvastî à Râdjagriha et de Sânkâçya à Vaïçalî.

En concrétisant ainsi de bonne heure les souvenirs relatifs au Bouddha et en nous initiant au mécanisme de leur transmission, les monuments augmentent assurément la confiance du philologue en leur ancienneté, sinon en leur véracité ; et comme sculptures et écritures se corrigent et s'éclairent mutuellement, un maniement judicieux de ces deux ordres de documents devrait permettre de se faire une idée assez juste, sinon du Bouddha en personne, du moins de la conception que se faisaient de lui les Indiens vers le début de notre ère. Le résultat est déjà appréciable, mais nos prétentions ne sauraient raisonnablement aller au delà : car pour remonter plus haut nous n'avons de lui ni portrait, ni mémoires, ni témoignages contemporains. De même qu'il erre de par le monde un Juif qui a vu Jésus-Christ portant sa croix, on nous dit bien qu'il existe encore sur la terre un moine qui a personnellement connu Çâkya-mouni. Ce pendant d'Ahasvérus se nomme Pindola Bharadvâdja, et c'est pour avoir fait inconsidérément usage de ses pouvoirs magiques qu'il a été condamné par le Maître, en pénitence de sa faute, à demeurer vivant ici-bas jusqu'à la venue du futur Bouddha Maïtrêya. Quelque deux cents ans plus tard, l'empereur Açoka, au plus fort de sa crise de dévotion, fut transporté d'allégresse en ayant devant lui un homme qui, avec sa tête chenue et ses yeux creux