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0034 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 34 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000286
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32   LE CYCLE DE KAPILAVASTOU

proche inéluctablement. Tôt ou tard, son débit finit par épuiser son crédit, et voici qu'un jour les cinq signes précurseurs de son imminente déchéance lui apparaissent : ses guirlandes de fleurs,

jusqu'alors toujours fraîches, se flétrissent ; ses vêtements, toujours propres, se salissent ; il lui vient mauvaise haleine ; la sueur transpire de ses aisselles, et il commence à chanceler sur son

trône. Ainsi averti que l'heure de son changement de séjour et de

rang va bientôt sonner, le pauvre dieu a toute raison d'appréhender que quelque « racine de démérite », restée jusqu'alors enfouie

sous l'amas de ses actes méritoires, n'affleure à nouveau pour le

faire tomber dans une condition 'des plus misérables, voire même animale. Tel est le sort ordinairement réservé à tous les habitants

des cieux inférieurs, et c'est ainsi qu'ont fini ou que finiront tous les compagnons du Bodhisattva dans le paradis des Toushitas : mais lui-même sera-t-il astreint à subir la loi commune ? — Vous ne le voudriez pas.

IV. LES INVESTIGATIONS. - Jamais peut-être mieux qu'à cet instant de la biographie de Çâkya-mouni on ne peut saisir le jeu

des deux forces contraires dont elle est la résultante. La première,

qui va croissant avec la ferveur des générations, tend à épargner au Bodhisattva toute limitation ou toute impureté, de quelque

nature qu'elle puisse être ; la seconde, qui va à l'encontre de la

première, contraint les dévots les plus exaltés à admettre sur le compte de leur Maître, de sa famille et de son pays certains faits

acquis et trop bien consacrés par la tradition pour qu'il ne fût pas

devenu sacrilège de les nier et impossible de les taire. C'est de cette façon que la légende . n'a pu s'empêcher de nous trans-

mettre, roulées dans leur gangue de merveilleux, quelques pépites

d'histoire. Des diverses versions de la Nativité les unes font plus de place à ces souvenances, et les autres à des prodiges inventés à

plaisir : de quelque côté qu'elles inclinent, toutes ne sont qu'un compromis entre les deux tendances contradictoires que nous venons d'indiquer ; et les plus chimériques d'entre elles, tels des ballons captifs; sont toujours retenues au sol par le lest de la réalité et de l'humanité certaines de Çâkya-mouni.

Imaginons un instant que ce salutaire contrepoids n'eût pas existé : nous aurions aussitôt vogué en plein miracle. Un total mystère planant sur les origines du Bouddha eût été un grand allègement pour sa légende et une facilité de plus pour sa divini-

sation. Nul doute que la dernière naissance du Bodhisattva ne fût aussitôt devenue aussi surnaturelle que possible, et que pro-

cédant sur la terre comme au ciel, il ne fût censé être né sur un

« lotus à mille pétales, de la dimension d'une roue de char », issu de quelque lac himalayen où personne ne serait jamais allé voir. On peut avancer cette hypothèse avec d'autant plus d'assurance

que, dans les récits qui vont suivre, constamment le lotus reparaîtra, soit pour lui distiller sa nourriture pendant la gestation, soit pour soutenir ses pas lors de sa naissance, soit pour servir de