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0036 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 36 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000286
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34   LE CYCLE DE KAPILAVASTOU

c'est le « Pays du Milieu » qui, on l'a déjà deviné, reste seul sortable. Un autre compte réglé est que la famille convenable à un Bodhisattva ne peut appartenir qu'à l'une des deux castes supérieures, celle des nobles ou celle des brahmanes, selon celle qui jouit à ce moment de la plus haute considération : tout naturellement les bouddhistes font pencher la balance en faveur de la première ; mais, par une concession à l'orgueil brahmanique, ils admettent que le futur Bouddha Maïtrêya naîtra dans la caste sacerdotale. Cependant les dieux Toushitas, avertis qu'ils sont de la résolution qu'a prise leur compagnon, s'entretiennent entre eux et passent successivement en revue les dynasties régnantes dans les capitales des seize grands royaumes que contient l'Inde centrale : à toutes ils découvrent quelque tare rédhibitoire. Il faut que Çvêta-kêtou lui-même les tire d'embarras en leur énumérant les soixante-quatre caractéristiques que doit présenter la famille et les trente-deux qualités que doit posséder la mère d'un Bodhisattva parvenu comme lui « à sa dernière existence ». Vous admettrez sans peine avec eux, — sans même qu'il soit besoin de reprendre, pour vous les infliger, ces fastidieuses énumérations — que tous les item de ces deux listes ne se rencontrent réunis au complet que dans le clan oligarchique des Çâkyas et chez Mâyâ, la première épouse de leur chef, le roi Çouddhodana. C'est qu'en effet les hagiographes n'ont pu mieux faire que de dramatiser avec un grand luxe de mise en scène un canevas dont le dénoûment ne pouvait ménager de surprise à qui que ce fût ; et il nous apparaît clairement que, tout le long de ce chapitre, la légende s'est vu dicter sa leçon par l'histoire.

En attribuant à leur Maître une omnipotence plus que divine, les adorateurs du Bouddha se trouvent donc avoir obtenu ce résultat paradoxal de confirmer à nos yeux l'état civil de l'homme. Date relativement peu reculée de sa naissance ; noms de son pays, de sa ville natale, de sa famille, de son père et de sa mère : autant de renseignements dont l'authenticité s'accroît pour nous du fait qu'ils ont résisté jusqu'au bout à la corrosion de la dévotion postérieure. Retenons précieusement ce petit noyau historique et, pour le reste, laissons sans crainte le champ libre à l'imagination des hagiographes : elle a les ailes rognées. Assurément il leur est encore loisible d'ériger en règle universelle — applicable rétroactivement aux Bouddhas du passé et, par anticipation, à ceux de l'avenir — les souvenirs traditionnels relatifs au nôtre ; de transformer Kapilavastou en la plus magnifique des capitales, la famille des Çâkyas en la plus noble des races, le roi Çouddhodana en le plus puissant des monarques, et la reine Maya en la mieux douée des femmes ; et de tout cela, comme bien on pense, ils ne se sont pas fait faute. Par la suite ils ne manqueront pas davantage de multiplier à profusion prodiges annonciateurs, songes prémonitoires, interventions célestes et exceptions miraculeuses aux lois naturelles : jamais ils ne parviendront, quoi qu'ils en aient,