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0037 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 37 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000286
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LA NATIVITÉ   35

à effacer complètement de la biographie du Bouddha les traces indélébiles de sa personnalité humaine et de son historicité.

V. LA CONCEPTION. - Forts des quelques informations que nous avons réussi à leur soutirer, nous les laisserons donc par ailleurs amplifier, enjoliver et délirer à leur aise, puisque cela les amuse ; mais nous ne nous croirons pas obligés de les suivre jusque dans le détail de toutes leurs élucubrations, ce qui nous amuserait beaucoup moins qu'eux. Exagérations banales, ornements postiches, dénombrements fantastiques, nous leur laisse-. rons tout cela pour compte et ne retiendrons de leurs fictions que celles qui jettent un jour curieux sur la psychologie de leurs inventeurs. Que, par exemple, à l'occasion de chaque déplacement du Bodhisattva ou de sa mère, ils se croient obligés de mobiliser d'office les célestes cohortes pour leur servir de cortège, et que, pour commencer, ils organisent en vue de la descente de Çvêtakêtou sur la terre une procession monstre de divinités se comptant par centaines de millions, c'est leur affaire : ce qui est la nôtre, c'est de nous souvenir que cette féerie .à grand spectacle n'a pour prétexte qu'un fait considéré par les Indiens (mais non par nous) comme rentrant sous la loi commune et dont l'exposé était devenu un véritable cliché littéraire. Voici en effet ce que nous lisons à chaque instant dans les textes : « Une opinion répandiie veut que les garçons et les filles s'obtiennent par prière. C'est une erreur : car, s'il en était ainsi, chacun aurait cent fils, tout comme un empereur. C'est de la rencontre de trois conditions que naissent les garçons et les filles. Quelles sont ces trois ? Le père et la mère se sont unis d'amour, la mère est dans ses mois, et un esprit se trouve là disponible : c'est de la rencontre de ces trois conditions que naissent les garçons et les filles... » Tenonsnous-le pour dit : afin qu'un enfant indien vienne au monde, il ne suffit pas, comme chez nous, d'un père et d'une mère — quitte à discuter ensuite avec les anciens Grecs lequel des deux partenaires joue le rôle prépondérant ; il y faut encore la présence d'un être arrivé au terme de son existence présente et disposé (ou, pour mieux dire, condamné) à recommencer une autre vie. Or, comme nous venons de voir, tel est justement le cas du Bodhisattva. A la vérité il se distingue déjà du vulgaire en ce qu'il n'a pas attendu la fin de son bail dans le ciel des Toushitas pour décider de se réincarner et qu'il a lui-même choisi son père et sa mère. Les trois éléments requis pour sa renaissance ne s'en trouvent pas moins réunis ; et tout ce qu'il nous reste à voir, c'est comment la légende va s'y prendre pour donner une couleur surnaturelle à un fait supposé aussi courant.

Nous pouvons rapidement déblayer les adieux du Bodhisattva à ses confrères du ciel des Toushitas. Il ne saurait évidemment les quitter sans les avoir préalablement « instruits, éclairés, jouis et réconfortés » par une homélie ; et c'est pourquoi le Lalita-vistara consacre tout un chapitre à l'exposé qu'il leur fit