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0038 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 38 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000286
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36   LE CYCLE DE KAPILAVASTOU

des « cent huit avenues de la Loi ». Ils ont si bon caractère que le départ de leur professeur de morale leur arrache néanmoins des larmes ; et, pour les consoler, il leur laisse un autre lui-même, celui qu'on a coutume d'appeler le Messie du bouddhisme, le Bodhisattva Maïtrêya, auquel par la même occasion il prédit sa « bouddhification » prochaine. C'est là en effet un article de foi : le futur Bouddha de notre âge attend sous ce nom, dans le même ciel où résidait son prédécesseur Çâkya-mouni, que son tour soit venu de descendre pour la dernière fois sur la terre. Des docteurs doués de pouvoirs magiques, mais incapables de résoudre leurs doutes spéculatifs, sont même censés être montés jusqu'à lui pour lui soumettre leurs perplexités ; et on ne voit pas en effet, à défaut du Maître définitivement entré dans le Parinirvâna, quelle autorité meilleure ils auraient pu consulter. Ce qui nous fait dresser l'oreille, c'est beaucoup moins ce dogme et l'exploitation qui en a été faite que la façon dont il est présenté : « Et alors les Fils-de-dieu renés dans le ciel des Toushitas saisirent en pleurant les pieds du Bodhisattva et lui dirent : En vérité, homme de bien, ce séjour des Toushitas, une fois privé de toi, comment conservera-t-il son éclat ? Et le Bodhisattva dit à cette grande assemblée divine : Le Bodhisattva Maïtrêya que voici vous enseignera la Loi. Et le Bodhisattva, ayant ôté de sa tête son diadème, le plaça sur la tête de Maïtrêya : Le premier après moi, ô homme de bien, lui dit-il, tu obtiendras la suprême et parfaite Illumination. » Qu'on nous excuse si ce qui nous intéresse le plus dans ce passage, ce n'est pas les paroles, mais bien le geste qui les accompagne et que nous avons souligné. Un tel jeu de scène n'a rien d'indien : tout au contraire cette sorte de couronnement anticipé du Bouddha présomptif sonne trop familièrement aux oreilles européennes pour ne pas éveiller le soupçon d'une influence occidentale ; et le fait que le passage est absent des vieilles traductions chinoises confirme son caractère tardif.

En revanche, à la ligne suivante, nous, retombons en plein folklore local : « Et le Bodhisattva, ayant ainsi intronisé le Bodhisattva Maïtrêya dans le ciel des Toushitas, s'adressa de nouveau à cette grande assemblée divine : Sous quelle forme, ô mes amis, devrai-je entrer dans le sein de ma mère ? » Et les dieux ainsi appelés en consultation suggèrent successivement toutes les formes divines imaginables ; mais l'un d'eux, qui, du fait de sa précédente renaissance, se trouve être plus versé que les autres dans les écritures des brahmanes, clôt la discussion en déclarant péremptoirement : « sous la forme d'un éléphant blanc à six défenses... » Il nous est permis de rester au premier abord surpris de ce choix : toutefois notre étonnement diminuera sensiblement si nous faisons réflexion que nos symboles pourraient paraître non moins imprévus à des Indiens. Eux non plus ne verraient pas bien du premier coup d'oeil pourquoi nous nous représentons le Saint-Esprit sous l'aspect d'une colombe ; et si nous associons