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0039 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 39 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000286
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i~.

LA NATIVITÉ   37

l'image de l'Agneau des idées de pureté et de compassion divines,

pourquoi n'attacheraient-ils pas à l'emblème de l'éléphant blanc des notions de parfaite sagesse et de suzeraineté royales ? C'est là justement ce qu'ils font. Faut-il rappeler que pour eux l'éléphant blanc est un des sept trésors du Monarque universel ? Les soins quasi religieux dont sont encore entourés à Bangkok les éléphants albinos des rois du Siam sont l'héritage direct de ces vieilles croyances indiennes. Quant au détail des « six défenses », il faut sans doute y voir un- rappel de cette ancienne renaissance du Bouddha où il pardonna si généreusement au chasseur qui l'avait blessé à mort, et lui fit même présent de ses six dents

E   voire.

Va donc pour ce prodige de plus. Nous savions que nous se-

rions régalés de merveilles et étions d'avance résignés à les avaler toutes sans broncher — mais toutefois à une condition : c'est qu'elles fussent cohérentes entre elles. Même sur le plan du miracle la logique conserve ses droits. Or comment concilier ce qu'on vient de nous apprendre avec ce qu'on nous affirmera tout à l'heure, à savoir que le Bodhisattva a habité et quitté le sein maternel sous les apparences d'un enfant de six mois ? On néglige en effet de nous avertir à quel moment il aurait échangé sa forme animale contre une forme humaine. Les Chinois ont cru se tirer d'affaire en imaginant que le Bodhisattva était entré dans le sein de sa mère « monté sur un éléphant ». Nous ne les chicanerons pas sur le fait que le miracle n'en devient que plus invraisemblable ; mais encore auraient-ils dû préciser qu'il avait laissé sa monture à la porte. Si nous nous reportons de nouveau aux textes, suprême recours du philologue, nous constatons qu'eu fait ils se contredisent, parfois même d'une page â l'autre, sans que leur sérénité en paraisse ébranlée. C'est ainsi que la partie versifiée du Lalita-vistara, de l'aveu de tous la plus ancienne,

  •        nous dit en propres termes que la descente du Bodhisattva sous

une forme éléphantine n'était rien qu'un songe de Mâyâ — ce qui apaiserait d'un coup tous nos scrupules : mais encore resterait-il à expliquer comment un simple rêve peut être donné dans le même chapitre comme un événement réel. En désespoir de cause, c'est aux monuments figurés qu'il faut, croyons-nous, demander la clef de l'incohérence des textes.

L'ancienne peinture de l'Inde a péri ; mais il nous reste des débris de sa sculpture. L'auteur d'un des médaillons qui ornent la vieille balustrade du stoupa de Barhut, aujourd'hui au Musée de Calcutta, s'est justement donné pour tâche d'illustrer ce pas-

sage de la légende, et il s'en est acquitté de façon aussi naïve que maladroite. Mâyâ est couchée, la tête à gauche du spectateur, sur un lit de sangle à quatre pieds pareil aux tchar paï encore en usage de nos jours ; une aiguière et une lampe allumée (dont la flamme nous fait comprendre que la scène se passe de nuit) complètent le sommaire mobilier. Des suivantes, dont l'une est armée d'un