National Institute of Informatics - Digital Silk Road Project
Digital Archive of Toyo Bunko Rare Books

> > > >
Color New!IIIF Color HighRes Gray HighRes PDF   Japanese English
0041 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 41 (Color Image)

New!Citation Information

doi: 10.20676/00000286
Citation Format: Chicago | APA | Harvard | IEEE

OCR Text

 

LA NATIVITÉ   39

Çouddhodana dans la coulisse, car ils n'hésitent pas à nous montrer le Bodhisattva dans sa chambre à coucher, assis sur le lit de sa femme endormie. Comme à tous les imagiers bouddhiques, leur systématique abstention leur est commandée par une raison beaucoup plus impérieuse : ils obéissent en fait aux injonctions de la conscience religieuse de leur temps telle qu'elle se reflète aussi dans les textes. De jour en jour cette conscience se montre de plus en plus soucieuse de pureté physique autant que morale en tout ce qui touche à la venue au monde du Bodhisattva, et ses scrupules font voir une croissante délicatesse. On peut suivre d'une version à l'autre, dans les Écritures conservées, le progrès de ses exigences. Dès que le Bodhisattva est entré dans le sein de sa mère, celle-ci n'est pas seulement délivrée de toute maladie et de toute souffrance, mais en outre elle devient exempte de toute action, de toute parole, de toute pensée impures. Non seulement elle-même n'éprouve plus aucun désir charnel, mais elle ne saurait plus en inspirer à personne, pas même à son époux. Bientôt cette absolue chasteté consécutive à la conception ne paraît plus suffisante aux fidèles. C'est dès avant la conception que la reine Mâyâ sollicite et obtient du •roi la permission d'entrer dans une sorte de retraite pieuse et de se retirer avec ses femmes dans une chambre à part située, comme de règle, sur la plus haute terrasse du palais ; et, pour ne pas demeurer en reste avec elle, Çouddhodana prononce et observe de son côté les mêmes voeux de religieuse continence. Ainsi donc, si l'on ne peut parler de la virginité de Mâyâ comme de la Vierge Marie, il est du moins strictement vrai de dire que la Conception de l'Enfant-Bouddha est devenue pour les bouddhistes une conception immaculée. Du. même coup, et même pour l'Inde, elle s'est transformée en un événement surnaturel ou du moins supra terrestre. Des trois éléments nécessaires à une naissance d'homme, le père, la mère et l'être prêt à se réincarner, le premier a été purement et simplement éliminé : nous nageons toujours en plein miracle.

VI. LA GESTATION. — Dès lors nous ne nous arrêterons plus sur la pente où nous avons versé, et les détails qu'on nous donne au sujet de la grossesse de Mâyâ sont, si possible, plus merveilleux encore. A la vérité les plus anciens textes se bornent à nous dire que c'est avec une claire conscience, en pleine connaissance de cause, que l'Enfant-Bouddha est entré dans le sein de sa mère. De son côté celle-ci, par un don particulier du ciel, l'aperçoit distinctement, « comme on voit à travers une pierre précieuse le fil de couleur sur lequel elle est enfilée ». Cette comparaison n'a pas plu à tout le monde, sans doute parce qu'elle faisait la part trop belle à Mâyâ aux dépens de son fils ; on préfère dire : « comme on voit un oeil-de-chat dans une cassette de cristal de roche », ou encore, usant d'un autre tour : « comme on voit son visage dans un miroir parfaitement clair ». Ce qu'il nous faut retenir, c'est que le Bodhisattva est déjà un enfantelet en possession de tous ses