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0042 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 42 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000286
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40   LE CYCLE DE KAPILAVASTOU

membres et de tous ses organes ; et ainsi l'on nous donne à entendre qu'il est entré dans le sein maternel avec un corps tout formé d'avance, un corps parfaitement étranger à celui de sa mère, sans aucun lien ni rapport avec le réceptacle où il est provisoirement enfermé.

Ces suggestions n'ont pas paru suffisamment précises à l'auteur d'une des versions du Lalita-vistara. Il prête à un dieu la réflexion suivante : « Comment, au sortir du paradis des Toushitas, le Bodhisattva, cette perle de tous les êtres, lui pur et à l'odeur suave, pourrait-il demeurer dix mois (lunaires) dans ce puant réceptacle humain qu'est le sein de sa mère ? »... Qu'on excuse l'énergie de ces expressions : elles ont le mérite de poser crûment le problème, tel qu'il a fini par se présenter au jugement des générations postérieures. La solution qu'elles souhaitaient ne leur a pas été refusée. Sans s'inquiéter le moins du monde de ce que nous y lisions tout à l'heure au sujet de la descente du Bodhisattva sous la forme d'un éléphant, voici qu'à présent le même texte nous le montre quittant le ciel des Toushitas, toujours au milieu de son divin cortège, mais cette fois sous la forme humaine et abrité sous un pavillon de pierre précieuse — tel enfin que le figurent les consciencieux illustrateurs du BoroBoudour de Java. C'est toujours enfermé sous cette sorte d'étui protecteur qu'il est censé s'introduire et s'installer dans le flanc droit de sa mère. C'est à l'intérieur de cet incorruptible tabernacle que pendant dix mois il va se tenir assis, les jambes croisées à l'indienne, déjà parvenu à la taille d'un enfant de six mois et pourvu des trente-deux marques caractéristiques du grand homme. C'est de là que, par transparence, il illumine tout l'univers ; de là que, mettant à profit les loisirs forcés de sa réclusion temporaire, il ne saurait moins faire que de prêcher sa doctrine et de convertir à sa Loi, comme entrée de jeu, trente-six fois mille millions

d'êtres, etc., etc...   ,

Mais, objectera-t-on, personne déjà n'ignorait qu'un embryon ne peut subsister qu'en se nourrissant de la substance maternelle ; si le Bodhisattva, complètement isolé par ce « dispositif » particulier, ne participe plus en aucune façon à la vie de sa mère, comment et de quoi a-t-il vécu pendant ces dix mois ? — L'objection a été prévue. Il vous faut savoir que, la nuit même de la Conception, un gigantesque lotus a fendu la terre et est monté jusqu'au ciel de Brahma. Dans le calice de cette fleur toute l'essence, tout le suc de cet univers s'est distillé et concentré en une unique goutte de miel. Le dieu Brahma l'a lui-même apportée au Bodhisattva, et celui-ci l'a acceptée : aussi bien n'y avait-il que lui au monde qui fût capable de l'assimiler après l'avoir absorbée. C'est de cet extrait, de cet élixir merveilleux qu'il a tiré sa subsistance, jusqu'à ce qu'enfin le terme de sa gestation fût révolu. C'est ainsi que, par un privilège unique, il a été, seul de tous les enfants des hommes, préservé de toute souillure au cours de son