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0045 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 45 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000286
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LA NATIVITÉ   43

au sujet de l'essence de cet arbre qu'ils divergent entre eux. Tantôt Açoka aurait été conduit devant un arbre du même nom que lui, connu dans l'Inde par ses magnifiques fleurs rouges ; grâce au prestige que le Révérend Oupagoupta exerçait jusque sur les divinités, l'empereur aurait même conversé avec la dryade qui, habitant sous son écorce, avait été aux premières loges pour voir naître • l'Enfant-Bouddha. Plus de six cents ans après, c'est encore un açoka que l'on montre au pèlerin Fa-hien, peut-être le même que, deux siècles et demi plus tard, Hivan-tsang a encore vu, mais mort et desséché. D'autres veulent au contraire que ce soit un figuier plaksha qui ait spontanément incliné un de ses rameaux vers la main droite de la parturiente. D'autres tiennent pour un çdla, l'espèce la plus répandue dans la zone subhimâlayenne et la même qui, quatre-vingts ans plus tard, abritera de son ombre le trépas du Bienheureux. Le seul point que nous ayons à retenir est que la tradition attribuait en la circonstance à Mâyâ la pose plastique par excellence au gré de l'esthétique indienne, 'en quoi elle n'a pas manqué d'être suivie jusqu'à nos jours par les imagiers.

Tout ceci n'est encore qu'un prélude : mais l'avènement miraculeux du Prédestiné — n'oublions pas que la Naissance est l'un des quatre Grands miracles — ne peut plus tarder à se produire, car (on y insiste) les dix mois lunaires de la grossesse sont exactement révolus. Les versions les plus anciennes n'en demandent pas davantage ; mais les textes postérieurs se montrent beaucoup plus exigeants, d'autant qu'un illustre précédent les autorise à ne pas se résigner pour leur Maître aux conditions d'un vulgaire enfantement. La même question était en effet censée s'être posée lors de la naissance d' Indra, le roi des dieux et le dieu des rois :

  • Voici (est-il dit dans le Rig-Vêda) le chemin connu de toute antiquité par lequel sont nés tous les dieux ; c'est par là qu'il doit passer pour naître ; il ne faut pas que par une autre voie il fasse périr sa mère... » Mais le jeune dieu fait le dégoûté et se rebiffe :

  • Je ne veux pas sortir par là : c'est un vilain chemin ; en travers par le flanc je veux sortir... » C'est ainsi, ne manqueront pas de vous dire aussitôt les mythographes, que l'éclair jaillit du sein de la nuée ; et, à leur tour, les ethnographes vous exposeront que tous les peuples et peuplades de la terre éprouvent ce même besoin de faire naître leurs héros de façon extraordinaire : mais nous n'avons pas besoin de tant d'explications pour comprendre que l'Enfant-Bouddha se devait de suivre l'exemple d' Indra. Pourquoi le rejeton de noble famille qui est destiné à devenir

  • le premier des êtres » ferait-il moins de façons pour naître que le dieu qui, nous le verrons bientôt, va devenir son assistant et plus tard même son obligé ? Après tout il n'est pas plus étonnant, il est même presque naturel que le Bienheureux sorte ainsi par effraction du sein maternel de la même manière et du même côté qu'il y est entré lors de sa conception. La seule précaution à