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0049 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 49 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000286
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LA NATIVITÉ   47

a cru pouvoir remplir un volume entier de ces passages parallèles ou prétendus tels. Qu'est-ce que cela prouve ? — Rien d'autre que ceci : il n'y a pas tant de manières pour les hagiographes d'exalter et de transfigurer la personne de leur Maître ou de décrire l'avènement sur la terre du royaume de Dieu.

C'est qu'en effet ces ressemblances superficielles autant qu'inévitables ne sauraient dissimuler à qui manie directement les textes les différences fondamentales qui, aussi bien du point de vue concret que du point de vue abstrait, séparent les deux traditions et les deux mondes dans lesquels elles se déroulent. Aucune fugitive analogie ne réussira jamais à combler l'écart entre la rustique et touchante misère de la Crèche et l'humble atelier du charpentier, d'une part, et, de l'autre, le faste luxueux des jardins et des palais du roi Çouddhodana. Et il n'y a pas que l'ambiance et le décor, aristocratiques dans 1' Inde, démocratiques en Galilée, qui différencient les deux biographies : le contraste entre les deux façons de les concevoir n'est pas moins frappant. Nous avons déjà dû noter comment le surnaturel commence beaucoup plus tôt dans la tradition chrétienne que dans la bouddhique : pour celle-ci la descente du ciel et la réincarnation dans le sein d'une femme sont des faits qui n'ont rien en soi de contraire à la règle commune. En revanche le miracle s'arrête beaucoup plus tôt dans la légende chrétienne : aucun apocryphe que l'on sache n'a jamais songé à bâtir un tabernacle à l'Enfant-Jésus jusque dans le sein de sa mère, et sa naissance est expressément pareille à celle de tous les enfants des hommes. Ce n'est pas tout : les Évangiles n'ont presque rien à nous dire de ses trente premières années et n'insistent que sur sa courte vie publique, tandis que les Soutra de caractère biographique débordent de prolixes renseignements sur l'enfance et la jeunesse du Bodhisattva pour tarir brusquement au seuil de sa longue carrière enseignante. C'est ainsi qu'il nous reste à passer en revue quantité d'épisodes, tous plus merveilleux les uns que les autres, avant d'arriver enfin à la Première prédication du Bouddha ; et si quelqu'un de ces incidents nous rappelle de loin tel ou tel récit des synoptiques ou. des apocryphes, nous verrons à chaque fois tout rapprochement entre eux s'évanouir dès que nous voudrons le serrer de près. Ne craignons pas de le répéter : on ne peut relever de part ni d'autre aucun emprunt qui soit philologiquement démontrable.

II. LA RÉCEPTION DE L'ENFANT-BOUDDHA. - Arrachons-nous donc à la séduction de ces rapprochements dont beaucoup pour quiconque n'en veut pas faire une arme de polémique ou un argument de propagande — ne représentent guère que des amusettes de dilettantes, et renouons docilement le fil de notre exposé au point où nous l'avons laissé. Comme nous venons de le dire, la curiosité de la Communauté bouddhique ne se contente pas h aussi peu de frais que celle des premiers chrétiens et veut tout. savoir des moindres circonstances qui ont suivi la Nativité du