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0056 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 56 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000286
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54   LE CYCLE DE KAPILAVASTOU

leurs inventeurs croient embellir ainsi les faits réels : mais le vernis de merveilleux dont ils les revêtent ronge, pour ainsi dire, son support, et toute la légende finit par sonner le creux. Un passage du Mahâvastou nous dévoile avec une candeur désarmante les procédés de fabrication des hagiographes : « Le roi Çouddhodana ordonne : Remmenez la Reine d'ici ! Dans quoi transportera-t-on le Bodhisattva ? Le divin (artiste) Viçvakarma façonne une litière de pierres précieuses. Qui portera cette litière ? Les quatre Grands rois (des points cardinaux) se présentèrent : C'est nous qui porterons la crème des êtres. Le Bodhisattva monta avec sa mère dans la litière : Çakra, l' Indra des dieux, et Brahma lui ouvrent la route... » On voit comment chaque question appelle sa réponse : il n'est que de battre à propos le rappel de ses souvenirs mythologiques. Mais ce n'est là que l'enfance de l'art, et il se trouve toujours quelqu'un pour surcharger une première ébauche. Dans le cas présent le Lalita-vistara organise derechef la pompe triomphale d'une procession où défilent deux cent mille hommes, femmes, chevaux et éléphants, et qu'un cortège aérien de plusieurs milliards de divinités accompagne en faisant pleuvoir des fleurs paradisiaques, tandis que le Bodhisattva est à présent assis dans un char traîné par vingt mille nymphes célestes, toutes magnifiquement parées... Qui dira mieux ?

Il est convenu que nous laissons tomber ces fantasmagories inspirées par une dévotion délirante, et d'ailleurs vite transformées en clichés qui se déclenchent automatiquement de chapitre en chapitre. Mais sur le chemin du retour à la ville se place un épisode qui ne saurait être passé sous silence : car, par un curieux renversement de toute prévision, autant il est inattendu pour un Indien ou un indianiste, autant il paraît naturel à un juif ou à un chrétien. Les prescriptions relatives à la circoncision ou au baptême convient en effet ces derniers, si même elles ne les obligent, à mener dans un. bref délai le nouveau-né au lieu saint de leur religion. Dans les vieux rituels domestiques de l'Inde il n'est nulle part question d'une obligation de ce genre parmi les nombreuses cérémonies qui jalonnent les premières semaines de tout enfant de bonne caste. Aussi bien les textes nous donnent-ils à entendre que c'était là une coutume particulière aux Çâkyas, ce qui après tout n'est pas impossible. Les ministres, ou les vieillards des deux sexes, fidèles dépositaires des coutumes de la tribu, rappellent au roi l'existence de cette pratique et insistent pour qu'elle soit observée. D'après l'un des textes, on conduit donc le Bodhisattva au sanctuaire qui, comme son nom de Çâkyavardhana l'indique, assure la prospérité du clan et qui abrite sa patronne tutélaire, la déesse Abhaya (Absence-de-crainte) ; et il faut convenir que tout, dans cette version, se tient assez bien. Un second texte entreprend de magnifier et de compliquer la scène en y mêlant toutes les figures populaires du panthéon brahmanique, et c'est à un « temple des dieux » que l'on mène le

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