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0067 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 67 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000286
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LA NATIVITÉ   65

sode. Du même coup, il s'est trahi lui-même et nous a livré la trace indélébile, et comme l'aveu écrit de son larcin...

Le raisonnement est impeccable et la conclusion serait irrésistible, si du moins les prémisses étàient justes : mais le sont-elles ?

Pour parler net, est-il vraiment exact que l'expression en pneu-mati n'ait dans le grec de nos Évangiles aucun sens satisfaisant et se suffisant à lui-même ? Tous les spécialistes s'accordent à contester pareille assertion. Selon eux, l'expression, qui revient.

dans plusieurs passages, désigne partout non un « souffle » matériel, mais, au figuré, par une extension naturelle du sens primitif,

une sorte d' « inspiration » psychologique. Que Siméon soit allé

au temple « dans l'esprit », cela veut dire simplement, comme certains traduisent, qu'il s'y est rendu « poussé par l'esprit », sous

l'empire d'une certaine incitation tout intérieure, à la mode des prophètes hébraïques, et non pas sur l'aile des vents, à la façon d'un rishi indien. Ainsi s'évanouit notre dernière chance d'établir entre les deux prédictions aucun lien historique, sous la forme d'un emprunt littéral et vérifiable. Une fois de plus il nous faut répéter notre refrain : même dans les occasions qui paraissent se prêter le mieux à un rapprochement entre le christianisme et le bouddhisme, nous ne pouvons que constater l'indépendance de leurs traditions.

-IX. LA MORT DE MAYA. — Autant les deux religions se rencontrent ,dans l'usage qu'elles font pour leur propagande des vieux sages héritiers des croyances antérieures, autant nous allons voir qu'elles divergent sur le sort qu'il leur a plu d'assigner à la mère de leur Sauveur. A la vérité toutes deux ont pris le même soin de la diviniser après sa mort. Tandis que l'humble Vierge Marie a été transformée en une sorte de reine du paradis où elle est montée retrouver son fils, la reine Mâyâ est censée résider actuellement au deuxième ou quatrième étage des cieux — les uns disent dans celui déjà nommé des dieux « Satisfaits », les autres disent dans celui sur lequel régne Indra et qui, à la façon d'un club de milliardaires américains, porte l'appellation baroque de ciel des « Trente-trois ». Mais même cette unique similitude apparente recouvre deux cas bien différents. L'Assomption de la Vierge est un miracle, juste mais exceptionnelle récompense de tout ce qu'elle a souffert ; la renaissance céleste de Mâyâ et sa promotion concomitante au sexe masculin ne sont que la résultante obligée des mérites qui lui ont déjà valu l'honneur d'être la mère élue du Bodhisattva. Aussi n'est-elle devenue l'objet d'aucun culte particulier pareil à celui que le monde catholique a voué à la Sainte Vierge. La personnification de l'éternel fémi-

nin qui reçoit toujours les hommages de l'Asie bouddhique et dont les images extrême-orientales rappellent aux Européens

surpris leur type de la « Madone à l'enfant », est une tout autre déité. Il ne va . être que plus curieux de déceler sous toutes ces discordances, exactement comme sous les concordances de tout

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