National Institute of Informatics - Digital Silk Road Project
Digital Archive of Toyo Bunko Rare Books

> > > >
Color New!IIIF Color HighRes Gray HighRes PDF   Japanese English
0075 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 75 (Color Image)

New!Citation Information

doi: 10.20676/00000286
Citation Format: Chicago | APA | Harvard | IEEE

OCR Text

 

ENFANCE ET JEUNESSE   73

est-il que de ce biais il semble que nous puissions arriver à une approximation presque satisfaisante. Les hâbleurs, quel que soit le motif pour lequel ils hâlaient, se trahissent toujours par quelque endroit. A travers les vantardises bouddhiques, les historiens européens s'accordent généralement à considérer Çouddhodana, le « grand roi des Çâkyas » dont on nous exalte tant la race et la puissance, comme un simple roitelet, chef d'un petit Etat oligarchique, vassal plus ou moins soumis de la grande monarchie du Koçala dont la capitale Çrâvastî n'était distante de Kapilavastou que d'environ cent cinquante kilomètres. Cet état, grand à pe;ne comme l'une de nos anciennes provinces, s'étendait dans ce qu'on appelle aujourd'hui le Téraï népalais, et étalait au pied et en vue de la haute muraille neigeuse de l'Himâlaya, ses riches rizières abondamment arrosées par les eaux découlant de la montagne. Au temps des pèlerins chinois la djangle déserte et fiévreuse avait déjà reconquis ces fertiles campagnes : mais elles ont été jadis capables de nourrir une nombreuse population, et elles n'avaient d'ailleurs pu être défrichées et convenablement irriguées qu'à force de bras. Le père de Siddhârtha était lui-même un gros propriétaire foncier et ne dédaignait pas de présider en personne aux fêtes du labourage. Qu'il' possédât une certaine opulence, on n'en saurait douter, non plus que du fait que par lui le Bodhisattva appartenait à la caste aristocratique des Kshatriya ou, comme nous dirions, de la noblesse d'épée. Toute la tradition' indienne, même brahmanique, reconnaît en lui un « fils-de-roi ». Qu'il ait reçu l'éducation jugée alors convenable pour un jeune gentilhomme, qu'il ait eu de tout temps à sa disposition chevaux, voitures, éléphants et un nombreux domestique, que son père ait pu continuer à lui assurer après son mariage une existence luxueuse, tout, dans cette mesure, devient des plus vraisemblables. N'en demandons pas plus : l'exigence serait vaine. Ainsi immunisés d'avance contre les transports au cerveau des hagiographes, nous pouvons aborder, sans foi aveugle ni hargneuse défiance, la lecture de leurs écrits, et tâcher de démêler dans ce sempiternel tissu de prodiges les quelques parcelles de vérité qui se mêlent à toutes les fictions.

L'ÉDUCATION. - La légende ne manifeste aucun sentiment que la fatalité, qui si vite lui a ravi sa mère, ait nui le moins du monde à l'orphelin. Sur le conseil des vieillards et des matrones du clan des Çâkyas, le soin de l'élever aurait été confié à sa tante maternelle, Mahâpradjâpatî Gaoutamî, qui était la seconde épouse de son père ; et celle-ci se serait acquittée de sa mission avec autant de succès que d'amour : nous verrons plus tard quelle fut sa récompense. Elle était d'ailleurs, nôus dit-on, assistée dans sa tâche par non moins de trente-deux nourrices — chiffre évidemment forcé, mais pas autant qu'on pourrait croire, tant la division du travail a toujours été poussée loin parmi les domestiques indiens. Un cliché courant des textes n'attache jamais