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0077 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 77 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000286
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ENFANCE ET JEUNESSE   75

Aussi lors du pèlerinage de l'empereur Açoka à Kapilavastou, le Divydvaddna lui fait-il montrer par son guide les deux emplace-

ments voisins de la « salle d'écriture » et de la « salle de gymnastique » de Siddhârtha : « C'est en cet endroit, ô grand roi, que le Bouddha a appris l'écriture ; c'est en cet endroit qu'il est passé expert, comme il seyait à sa naissance, dans l'art de conduire éléphants, chevaux et chars, et de manier les armes, etc... » Et sur l'une des peintures murales des grottes d'Adjantâ nous voyons côte à côte deux images du jeune prince, ici assis et écrivant en classe, là debout et s'exerçant au tir à l'arc. Tout cela est la norme même, et, nous conformant à des précédents si raisonnables, nous ne séparerons pas de l'instruction intellectuelle du Bodhisattva son entraînement physique.

Comme aucun zèle dévot ne nous transporte, nous n'avons en effet aucune raison de suivre l'ordre tendancieux qu'adopte le rédacteur du Lalita-vistara. Il ne manque pas de prêter au Bodhisattva une double « manifestation » ou « démonstration », l'une scolaire (ch. x) et l'autre sportive (ch. XII) : mais il ne soulève la question des sports que beaucoup plus tard, à l'occasion du tournoi qui aurait immédiatement précédé le mariage de son héros. En tant qu'écrivain, il tirait de ce plan l'avantage accessoire d'éviter des redites autrement inévitables : en tant qu'apologiste, son inlassable ferveur visait plus haut. Comme précédemment il n'avait pas été soufflé mot de l'entraînement athlétique de Siddhârtha, son écrasante victoire sur ses rivaux dans tous les exercices du corps n'en devenait que plus merveilleuse. Son louangeur à gages oubliait seulement qu'à vaincre sans effort on triomphe sans gloire, et que cet effet de béate surprise n'est que trop visiblement ménagé aux dépens de la plus élémentaire vraisemblance. Une fois de plus il nous force à constater l'abus du procédé qui est responsable au premier chef de l'insipide fadeur de tant de légendes bouddhiques. On parle souvent de l'ornière de la routine ; pour les traités d'édification systématique, il existe aussi une ornière d'outrance où les Soutra mahâyâniques n'ont de cesse qu'ils ne s'embourbent à tout propos. Certes il est de règle commune que les Prédestinés fassent preuve d'une exceptionnelle précocité. L'Évangile selon st Luc nous rapporte que, dès l'âge de douze ans, Jésus a émerveillé les vieux docteurs du temple de Jérusalem par la sagesse de ses questions et de ses réponses. La légende iranienne, plus montée de ton, veut que dès l'âge de sept ans Zoroastre ait été capable de discuter avec les mages et de les confondre. Il est réservé aux Indiens d'essayer de nous faire croire que le Bodhisattva savait tout avant d'avoir rien appris. Après une telle affirmation, il ne reste plus qu'à tirer l'échelle ; mais à vouloir atteindre d'emblée l'extrême limite du merveilleux on s'expose à tomber dans le comble du ridicule.

LA MANIFESTATION SCOLAIRE. - Prenons cependant connaissance avec notre -résignation coutumière du dixième chapitre du