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0078 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 78 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000286
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76   LE CYCLE DE KAPILAVASTOU

Lalita-vistara, intitulé « la Manifestation à la salle d'écriture ».. On remarquera au passage ce nom donné par tous les vieux textes à l'école : dans l'Inde d'aujourd'hui, tout comme chez nous, on dirait la « salle de lecture » ; mais il faut croire que l'on apprenait jadis à lire en écrivant, méthode qui peut d'autant mieux se défendre qu'elle est à nouveau recommandée de nos jours. Nous serions les premiers désappointés si, à cette occasion, notre auteur n'organisait pas sur nouveaux frais, à travers les rues magnifiquement décorées de la capitale et sous une pluie de fleurs célestes, une procession triomphale du modèle connu. Tout le clan des Çakyas, Çouddhodana en tête, est mobilisé pour amener en grande pompe le Bodhisattva en compagnie de dix mille jeunes garçons de son âge (il n'est pas parlé de l'éducation des filles) devant leur précepteur, lui-même décoré d'un nom illustre dans la tradition brahmanique, celui de Viçvâmitra. Et aussitôt un premier miracle se déclenche. On sait de quelle vénération la personne du maître est entourée dans l'Inde : nous avons encore vu les élèves des grands pandits de Bénarès se prosterner de tout leur long devant eux, la tête à leurs pieds. Ici, par un inconcevable renversement de toutes les lois de la civilité puérile et honnête, c'est le professeur qui, « incapable de soutenir l'éclatante splendeur du Bodhisattva, tombe devant lui, le nez par terre ». Ce geste éloquent nous apprend tout de suite à quel écolier surhumain lui et nous avons affaire.

La suite ne démentira pas cet étonnant prologue. La bande des nourrices et des suivantes attend, nous dit-on, la sortie, tandis que les parents s'en vont à leurs occupations, et la trop nombreuse classe s'installe, on ne nous dit pas comment. Aucune aula universitaire ne pourrait contenir une pareille foule d'élèves. Admettons qu'à la mode d'Orient, où les écoles de plein air sont de tradition immémoriale, chacun s'assoit à même le sol ou sur une petite natte à l'ombre de quelques grands arbres et se met en devoir d'écouter la première leçon. Second coup de théâtre : ce n'est pas Viçvâmitra, c'est Siddhârtha qui prend aussitôt la parole et, s'adressant à son précepteur, lui demande : « Quelle écriture vas-tu m'enseigner, ô mon maître... » ; et, sans lui laisser le temps de répondre, il lui en énumère d'affilée non moins de soixante-quatre au choix. Viçvâmitra, totalement subjugué, convient de fort bonne grâce que, de la plupart d'entre elles, c'est la première fois qu'il entend prononcer le nom. Nous aussi, du reste : les deux premières seules nous sont connues par les inscriptions ; par ailleurs nous relevons bien dans la liste quantité de dénominations géographiques ou ethniques, les unes réelles, les autres imaginaires, à côté de non moins nombreuses appellations de pure fantaisie ; mais toutes ont ce caractère commun de ne rien représenter pour nous.

L'auteur omet de nous dire quelle fut l'écriture choisie, mais il va de soi que ce ne peut être que la première nommée.