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0083 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 83 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000286
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ENFANCE ET JEUNESSE   8 x

graphe prévoit que sa monomanie amplificatrice l'entraînera bon gré mal gré à exagérer aussi bien les voluptés que les austérités auxquelles se livrera tour à tour le Prédestiné. Aussi a-t-il immédiatement recours à ce que nos vieux rhéteurs enseignaient sous le nom de précautions oratoires : « Et ceci vint à l'esprit du Bodhisattva : Bien connus de moi sont les maux sans nombre causés par les désirs, sources de douleurs avec leur cortège de conflits, d'animosités et de peines, — semblables à une fatale coupe de poison, pareils à la flamme, comparables au tranchant d'une épée ; — pour moi je suis exempt de toute passion amoureuse et ne me complais nullement dans l'appartement des femmes ; — que ne puis-je demeurer en silence dans la forêt, l'âme apaisée par la félicité de la méditation et de l'extase... » Pas d'équivoque : la Communauté bouddhique admet que son Maître ait été marié, mais c'est bien malgré elle, et elle veut absolument que ce soit aussi malgré lui. Le point est d'importance. Si nous avons mis tout ce passage sous les yeux du lecteur, ce n'était pas pour le seul plaisir de jouir avec lui de l'embarras de notre monastique informateur : c'est parce que ses tergiversations nous apportent (résultat non négligeable) la meilleure preuve que nous puissions encore avoir de l'historicité du mariage de Siddhârtha. De toute évidence les évangélistes bouddhiques, s'il n'avait tenu qu'à eux, auraient rayé cette gênante concession aux humaines faiblesses de la biographie de leur Maître. Le fait que dans cet inévitable conflit entre l'idéologie et la tradition celle-ci soit restée la plus forte nous donne à penser qu'elle reposait sur des souvenirs réels.

Cependant le délai des sept jours que s'était réservé le jeune prince s'est écoulé. Il a fait réflexion que les Bodhisattvas du temps. passé se sont tous mariés et que cela n'a pas plus compromis l'épanouissement de leur sainteté que la vase de l'étang ne nuit à la pureté de la fleur de lotus. Résigné (il le fallait bien) à ce que les destins s'accomplissent, il écrit de sa main le signalement en vers de la femme idéale qu'il consentirait éventuellement, bien rue sans le moindre enthousiasme, à épouser ; et il insiste avant tout, comme il convient, sur les qualités morales dont elle doit être dotée. Il veut qu'elle soit d'une douceur quasi maternelle ou sororale, charitable, sincère, sans ruse ni jalousie, sans goût excessif pour les liqueurs fortes ni pour les fêtes et les spectacles, le modèle des belles-filles pour ses beaux-parents et des maîtresses pour ses esclaves, la première levée et la dernière couchée dans la maison, etc. ; mais il n'omet tout de même pas de spécifier également qu'elle doit être dans la fleur de la beauté et de la jeunesse et pas plus vaniteuse pour cela. C'est beaucoup demander : mais s'il est aussi exigeant, il se montre moins encombrant que les héros d'autres contes bouddhiques qui, également pressés par leurs parents de se marier, font exécuter par un grand artiste une statue en or de parfaite beauté et déclarent qu'ils ne prendront pour

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